page suivante »
SALON DE 1883 — S C U L P T U R E 531 On voudrait aussi plus de simplicité dans le mouvement des per- sonnages. La simplicité ! De toutes les qualités qui assurent aux Grecs leur éternelle supériorité dans la statuaire, aucune n'est plus im- portante à rappeler sans cesse, car aucune n'est plus nécessaire. Si travaillée que soit une Å“uvre d'art, si ingénieux que soient les procédés de l'artiste qui la conçoit, sans la simplicité, elle manquera toujours de véritable grandeur. C'est ce que démontre, sans qu'on ait à sortir du Salon, le Crépuscule de M. Boisseau, Å“uvre d'un mérite incontestable, mais que dépare, hélas ! la grâce un peu pré- cieuse de la pose. C'est ce que prouve encore la Callixène de M. d'Epinay, le Rêve de M. Baujault, la Chanteur oriental de M. Jules Frère, à plus forte raison le groupe compliqué, obscur, inexplicable de M. Lemaire,l'Immortalité.Du même auteur, jepré- fère une figure de femme vêtue d'une longue robe dont le dessin est vraiment d'un beau styleetqui représente la Musique. J'aime aussi le Persée de M. Vauréal où la pensée n'occupe malheureusement qu'une place restreinte, mais auquel ne manquent pas des qualités d'un autre ordre. En revanche, l'impression produite par Y Eve de M. Hiolle n'est pas bonne. M. Hiolle, à coup sûr, est un artiste habile. On peut citer telle Å“uvre de lui qui est aussi remarquable par le travail du ciseau, par le modelé délicat des formes, que par la pensée qui l'inspire. L'Arion, qui est maintenant au musée du Luxembourg, est une Å“uvre qui fait honneur à l'école française. Cette année cependant, contrairement à l'ordinaire,M.Hiolle n'est pas heureux. Il a voulu, c'est visible, incarner dans un type.le sexe féminin tout entier. Problème difficile ! et qu'il n'a qu'imparfaitement résolu. On n'a pour les formes massives de cette femme de marbre qu'une admiration limitée ; et quand, l'attention se détour- nant de l'ensemble, on se borne à l'examen de la tête, l'indifférence se change presque en mauvaise humeur. On s'en veut de chercher en -vain ce que le visage exprime ; on est mécontent de la froideur atone de ce masque impassible. Le Lafayette de M. Hiolle, dont le bronze est à quelques pas plus loin, porte perruque, personne ne s'en étonnera. Mais qui se serait attendu à trouver au-dessus de la chaste nudité de notre auguste mère une horrible perruque Ã