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532                  LA R E V U E LYONNAISE
la Louis XIV? Décidément la figure d'Eve ne porte pas
bonheur à tout le monde. M. Hiolle n'est pas le seul qu'elle ait
ainsi fourvoyé. Je me souviens notamment d'une Eve après le
péché, de M. Delaplanche, dont les hanches monumentales m'ont
toujours paru d'une digestion difficile, même pour un anthropo-
phage. En présence d'insuccès de ce genre, il semble que la mytho-
logie païenne soit pour le statuaire une source d'inspirations plus
fécondes que le christianisme. C'est, en sens inverse, ce que la
Byblis de M. Suchetet paraît prouver encore ; quelle différence
entre elle eïl'Ève dont nous venons déparier. Ici toutest fin, tendre,
délicat ! Que de grâce dans ce beau corps de femme couchée ! Que
de charme dans son abandon ! La tête surtout est d'une langueur
exquise avec ses cheveux un peu défaits, ses paupières closes et
ses lèvres entr'ouvertes d'où semble s'exhaler parfois, comme dit
le poète,
                                 .. .un faible et doux soupir,
             Un soupir plus léger que ceux des algues vertes,
             Quand, le soir, sur les mers, voltige le zéphyr.


 ; Parlerai-je maintenant du Martyre de saint Denis,de M. Fagel,
du groupe de Diane et Endymion, par M. Damé, de la Poésie
française, de M. Barrau, du Réveil de Flore, deM. Goulon, de la
sainte Cécile de M. Lombard, etc., travaux dont le plus faible
n'est pas sans mérite, mais dont le meilleur ne possède aucune
de ces fortes qualités qui élèvent un artiste au-dessus de la foule
des hommes de talent ?
 r J'aime mieux en arriver de suite à M. Cordonnier qui, lui, du
moins, se montre supérieur à la moyenne. Les deux morceaux
qu'il expose cette année sont de valeur inégale. Ce que sera le
groupe de Y Amour et la Folie, quand, au lieu du plâtre, il aura
revêtu la forme du marbre, on l'ignore. Tel qu'il est, ce groupe
n'échappe pas à toute critique. Au premier abord, il peut paraître
séduisant de rapprocher ainsi l'amour et la folie, de donner à
l'unies traits d'un charmant petit polisson tout nu qui jette un
peu partout ses chansons et ses flèches au hasard de sa promenade,
de faire de l'autre une grande fille folâtre qui rit et sautille par
monts et par vaux, et qui, chemin faisant, choisit elle-même, dans