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526                  LA REVUE LYONNAISE
que les préférences du public pour la peinture sont absolument
certaines. Cela s'explique-t-il, comme on l'a dit quelquefois, par
la gravité, par la dignité du marbre qui ne se soumet pas à toutes
les fantaisies, ne se prête pas à toutes les excentricités que le mau-
vais goût suggère? Je ne me charge pas d'éclaircir ce mystère.
Quoi qu'il en soit, le fait existe ; il se reproduit d'année en année.
Et le Salon de 1883 exagère encore la distance qui sépare de notre
temps ces deux branches de l'art.
    Si j'insiste là-dessus, ce n'est pas, pour me donner la stérile
satisfaction de médire delà peinture, ce qui d'ailleurs est plus aisé
que de bien faire ; c'est plutôt pour me réjouir une fois de plus du
haut degré de perfection auquel la statuaire française en est arri-
vée de nos jours. Que les sages de l'autre rive du Rhin racontent
et décrivent notre prétendue déchéance dans le langage venimeux
dont ils ont le secret, En dépit de leurs efforts pour nous dépouiller
 de nos gloires, la France du dix-neuvième siècle est et resterala
terre des arts. C'est ce qui ressort de toutes les expositions natio -
 nales ou internationales faites à Paris depuis la guerre; c'est ce
 qui ressort, à cette heure même, d'une courte visite au Salon, où
 la sculpture, quoi qu'on en dise, se soutient au niveau des années
 précédentes.
    Et cependant, il est à remarquer que plusieurs des artistes que
l'on est unanime à classer au premier rang, se sont abstenus cette
 année ou ne nous ont adressé que des œuvres d'une importance
 secondaire. M. Chapu, par exemple n'a pas exposé. M. de Saint -
 Marceaux, M. Idrac n'ont rien envoyé non plus. Absorbé sans
 doute par ses travaux de peinture, M. Paul Dubois semble renon-
 cer momentanément à la statuaire. M. Mercié, qui lui aussi fait de
 la peinture et qui y réussit, n'expose en marbre qu'un simple mé-
 daillon, le portrait de deux jeunes filles, œuvre délicate et fine,
 mais qui paraît peu de chose pour un artiste de sa valeur. On
 peut en dire autant de M. Falguière, un autre transfuge, qui
 n'expose en sculpture qu'une réduction de sa statue de l'Asie que
 tout le monde a pu voir depuis 1878 au Palais du Trocadéro.
 M. Caïn n'est représenté que par une cire: un coq, superbe
 d'ailleurs, dont le bronze est destiné à la. salle du Jeu de Paume,
 à Versailles. M. Delaplanche, l'éminent auteur de l'Éducation