page suivante »
SALON DE 1883 - , SCULPTURE 587 maternelle n'a qu'une petite -figure en plâtre, Y Ensommeillée, qui n'est qu'un échantillon bien incomplet de son beau talent. M. Eugène Guillaume, lui du moins, sans parler d'un excellent buste de M. Patin, est représenté par une œuvre plus importante. C'est une figure de marbre destinée à personnifier cette célèbre fontaine du Parnasse, dont les eaux produisaient l'enthousiasme poétique, et que les écrivains de l'antiquité ont baptisée du nom de Castalie. Nous en connaissions déjà le plâtre. En marbre, c'est une œuvre intéressante comme toujours, mais froide, et qui, dans tous les cas, n'ajoutera rien à la gloire d'un artiste auquel on doit des chefs-d'œuvre. Seul de cette petite phalange, qui est comme Tétat-major de la sculpture française, M. Barrias est roprésenté au Salon par une œuvre vraiment magistrale. Tout le monde se souvient des Premières Funérailles, dont le plâtre figurait, je crois, au Salon de 1878, et qui y obtint même la médaille d'honneur. Cette année, ce groupe nous revient en marbre, et, il n'est pas téméraire de l'affir- mer, avec tout le charme d'une œuvre nouvelle. Cela n'arrive pas toujours. On sait combien cette transformation est délicate. Que de statues on pourrait citer qui y ont perdu la moitié, de leur charme! Cela tient à ce que l'artiste est encore dans toute la fièvre de l'inspiration lorsqu'il modèle son ébauche, tandis que, lorsqu'il s'attaque au marbre, son enthousiasme a eu le temps de se calmer. Le plus illustre des maîtres de la Renaissance, Michel- Ange, avait une telle défiance de cette espèce d'abattement qui suc- cède à l'improvisation, qu'il lui arrivait souvent d'aborder directe- ment le marbre sans esquisse et sans préparation. Notre grand sculpteur français, Pierre Puget, aimait également à se passer de maquette, lui qui écrivait fièrement à Louvois, en lui adressant le groupe célèbre de Persée et Andromède: ...Le marbre tremble devant moi pour grosse que soit la pièce. » De nos jours, les exemples sont rares d'une pareille audace. Il suffit de mettre les pieds au Salon pour s'en convaincre. Les plâtres y dominent. Quant aux statues de marbre qu'on y ren- contre, elles ont presque toujours figuré en plâtre aux Salons pré- cédents. Et, il faut le reconnaître, elles ne tiennent pas toutes les promesses qu'elles donnaient sous leur première formes. Aussi