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RÉUNION DE LA FRANCHE-COMTÉ A LA FRANCE 511 II Les guerres soutenues pour arriver à la réunion de la Comté à la France nous montrent en exercice les divers éléments dont on vient de parler. Les rois de France n'ont jamais cessé de convoiter un pays qui était le complément presque indispensable de leur royaume. Phi- lippe le Bel et ses premiers successeurs essayèrent d'en préparer l'annexion par des mariages. Louis Xr, abandonnant cette sage . politique, voulut l'enlever par la force, il échoua. Marie de Bour- gogne, au lieu d'un prince français, épousa un prince allemand, l'archiduc Maximilien, qui allait devenir empereur. Elle livra ainsi la Franche-Comté à la maison de Habsbourg, ce qui la rattacha plus que jamais à l'Allemagne; et son petit-fils Charles-Quint la livra à l'Espagne, en l'attribuant à son fils Philippe IL En prépa- rant ainsi la longue rivalité entre la France et l'Autriche, Louis XI avait commis une grande faute politique. Il n'avait songé qu'à se venger de Charles le Téméraire. La guerre qu'il fit à la Franche- Comté fut féconde en cruautés de toutes sortes. Un des défenseurs de la cause de Marie de Bourgogne, Simon de Quingey, saisi à Verdun-sur-Doubs après une courageuse résistance, fut enfermé dans une cage de fer. Dôle fut pris par trahison. Pendant que Chaumont d'Amboise, général de Louis XI, l'assiégeait, un duc Sigismond, comte de Ferrette, survint à la tête d'une troupe d'Al- lemands, et offrit aux Dôlois de les secourir. La ville était à bout de ressources; elle accepta et crut se mettre suffisamment à l'abri d'une trahison, par un moyen qui nous montre, sous un jour assez singulier, les mœurs du temps. Les Ferrettois trouvèrent à la porte du grand pont, qui donnait accès dans Dôle, un autel improvisé où était exposée la sainte hostie, et qu'environnaient une foule de religieux et d'ecclésiastiques. Un prêtre en habits sacerdotaux fit jurer sur l'ostensoir à tous les offi- ciers, en présence du conseil et des notables de la ville, qu'ils ve- naient en amis et défendraient Dôle jusqu'à la dernière extrémité. Les soldats défilaient en levant la main, portaient les armes, re-