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               LES CHAMBRES DE MERVEILLES                         W
graves occupations. Il apportait dans ses relations avec eux, avec
ses amis et avec les gens de sa maison une bienveillance si affable
qu'il semblait être un père pour tous. »
    Pendant un séjour à Rome, il y avait distingué Benvenuto Cellini,
déjà bien connu par ses splendides travaux d'orfèvrerie, et l'avait
engagé à venir en France. Il y vint, en effet, avec deux de ses
élèves Ascanio et Pagolo, et s'arrêta à Lyon où il ne resta cepen-
dant que quatre jours, « et s'y amusa beaucoup. » Peu de temps
après, il fut présenté à François Ier, qui l'accueillit avec une
grande distinction et l'invita à l'accompagner à Lyon, où il se ren-
dait lui-même. Le cardinal lui donna l'hospitalité dans sa maison
de Rontalon, « maison de plaisance, haulte, moyenne et basse, sur
la rivière de Saulne, du cousté devers l'Empire (rive gauche) et
ung grand jardin de plaisance et columbier dedans, joignant la
rivière et le chemin tirant des Gélestins à Esnay (Ainay). »
    Mais en arrivant à Lyon, Gellini était malade ; son ouvrier
Ascanio avait la fièvre quarte, et il ne put se .décider à rester plus
longtemps dans cette ville. Le Cardinal n'ayant pu le retenir lui
remit l'argent nécessaire pour lui faire un bassin et une aiguière.
    Hippolyte d'Esté aimait le faste et les grandeurs comme tous les
princes de cette époque et encouragea tous les artistes ses contem-
 porains. « Qui se montra jamais plus magnifique, plus splendide
 dans sa manière de vivre? a dit aussi de lui, son panégyriste Mo-
 rel. Que d'édifices il fit élever, soit en France, soit en Italie?
 quels somptueux édifices ! Que de riches antiquités, il alla
 arracher pour ainsi dire à la tombe et retirer de Voubli où
 l'ignorance des siècles les avait laissé disparaître ! que d'ar-
 tistes habiles excités par les récompenses qu'il leur proposait ! »
     Sébastien Serlio, bolonais, fut aussi du nombre des protégés du
 cardinal ; il le logea dans son bel hôtel, à Fontainebleau. Serlio
 habita aussi Lyon, et il y fut connu de l'antiquaire Strada qui pu-
 blia ses œuvres qu'il lui avaient achetées, ainsi que tous ses porte-
 feuilles ; mais Serlio retourna à Fontainebleau,« où le bon vieillard
 finit sa vie laissant un grand nom, car on peut bien dire qu'il a
 renouvelé l'art de l'architecture et l'a rendu facile à tous. »
     Jean Desgouttes, littérateur lyonnais, protégé aussi par le Car-
 dinal, lui dédia> en 1543, sa traduction française du Roland