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             DE LA R E S P O N S A B I L I T É L I T T É R A I R E   463

commis par un enfant de quinze ans, l'anecdote suivante était
racontée par plusieurs journaux.
    « L'assassin de quinze ans, qui a égorgé un autre enfant de six
ans, répondait au commissaire de police qui l'interrogeait sur le
motif de son crime : « C'était pour reproduire une scène à peu près
semblable quej'avais lue dans un roman. »
    De cette réponse, on a pris occasion pour signaler ce fait de pa-
thologie morale qui tend à démontrer quelle responsabilité peut
être attribuée à la littérature dans l'infection morale de certains
criminels. Les graves réflexions que suscitaient les faits de cette
nature ne tardèrent pas à être corroborées.
    « Récemment, disaient encore les journaux, la cour de La Haye
a jugé un jeune homme accusé de l'assassinat d'un nommé Marius
Borgueth. L'accusé répondait au président : « J'avais, avec mon
salaire et l'aide qne je recevais de ma famille, des ressources suf-
fisantes pour entretenir ma mère ; mais la lecture des romans m'a
donné l'idée de mon crime. Je lisais dans Y Illustration hollandaise
le roman des Deux Mères; on y parle de vol, fait par une famille,
d'un enfant, afin de s'assurer un héritage. Je me suis décidé à
imiter cet exemple. »
   Ces faits, comme tant d'autres inconnus, et comme quelques-
uns récemment découverts, tendent déjà à prouver que la victime
du livre n'est pas un être imaginaire, un type créé à l'appui d'une
thèse de philosophie morale.
   Toutefois, au nombre des écrivains qui nient l'existence des vic-
times du livre, il est un journaliste en renom, assez peu scrupuleux
habituellement sur la moralité des choses, acharné, par occasion,
contre les prêtres, les religieux, les instituteurs, modestes apôtres
delà charité chrétienne; écrivain jouant avec le paradoxe comme
avec le style, c'est M. Francisque Sarcey. Cet écrivain est souvent
le porte-parole, dans le journal te XIXe Siècle, d'un collaborateur,
son patron, souvent son inspirateur, quelques intimes disent
 même son exploiteur. Cet autre écrivain, est connu par l'in-
vention de la vertu et de la rosière laïques, c'est M. Edmond
About.
    Les deux journalistes, par la plume de M. Sarcey, à propos des
 réflexions inspirées par le crime de l'enfant de quinze ans, ont