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442 LA REVUE LYONNAISE tion évaluée à quatre-vingts millions d'hommes. En dehors des richesses qu'on peut tirer dans l'avenir du travail de cette popula- tion indigène et de la fertilité du sol, le temps a accumulé, sur les rives de cette mer intérieure, des trésors qui peuvent entrer en exploitation du jour au lendemain. L'étude approfondie que nous fîmes de l'Ogooué, ouvert depuis peu au commerce, dont le déve- loppement fut si rapide, et où l'on dédaigne la culture du café, du cacao, de la canne à sucre, du coton; où l'on néglige le commerce de l'huile de palme, des amandes de palmier, de l'arachide, de la cire, delà résine copal, des bois de teinturerie, de l'èbène et des bois précieux, pour trafiquer exclusivement de l'ivoire et du caout- chouc, qui rapportent mille pour cent, peut seule donner une idée de l'avenir de cette mer intérieure qui a nom : le Congo et ses affluents navigables. » Dès maintenant nous trouverons des matières premières à échanger contre les produits manufacturés de notre pays : le caoutchouc et l'ivoire, M. de Brazza l'affirme, donneront des bénéfices très rémunérateurs. Puis nous augmenterons l'im- portance de notre commerce en établissant des plantations de café, de cacao, de coton, de tous ces végétaux précieux qui nous devien- nent de plus en plus indispensables et qui croissent si facilement sous les tropiques. Les populations soumises à Makoko sont de leur nature assez paisibles et disposées à se livrer aux travaux agricoles. Quand elles verront dans les produits du sol de véritables richesses, capables d'être échangées contre les objets de fabrica- tion européenne, elles sortiront sans doute de leur apathie. Elles chercheront à se créer un bien-être dont jusqu'ici elles n'avaient pas même eu l'idée, et leurs habitudes d'oisiveté feront place au labeur intelligent qui distingue les nations civilisées. Là ne se bornera pas notre influence. Autrefois, on a pu dire que la France était la seule nation qui fît la guerre pour une idée, et nous n'avons pas entièrement oublié ces glorieuses traditions du temps passé. Nous ferons pénétrer la civilisation chez ces peuples encore complètement barbares. L'esclavage sera aboli, et avec lui disparaîtront tous les vices et les crimes dont il est la source. Livingstone a justement fié tri les mulâtres portugais, qui pratiquent la traite dans l'intérieur de l'Afrique australe, et qui fournissent aux chefs indigènes un débouché pour leur infâme trafic de chair