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430                 LA R E V U E LYONNAISE
Américain des Etats-Unis, M. Stanley, le même qui avait retrouvé
en Afrique la trace perdue de Livingstone. Depuis longtemps il
s'était intéressé à une question posée par les géographes, et qui
n'avait pas reçu de réponse satisfaisante. Les grands lacs de
l'Afrique, avec la puissante masse d'eau qu'ils contiennent, ne
trouvent pas dans le Nil un déversoir suffisant : leurs eaux n'alimen-
taient-ils pas des fleuves tributaires de l'Océan atlantique, et
quels étaient ces fleuves? Livingstone était mort àChitambo, avant
d'avoir pu résoudre le problème.
    Au moment où l'Angleterre apprit cette fin prématurée et si
regrettable,Stanley se trouvait aux bureaux du Daily Telegraph.
 La rédaction commentait l'événement, et tous étaient d'accord
 pour désirer qu'un explorateur reprît l'œuvre de Livingstone et
la conduisît à bonne fin. Le directeur du journal, M. Lawson,
 fit des avances dans ce sens à l'intrépide Américain, qui accepta
 et partit bientôt pour Zanzibar. Je dois dire, pour renvoyer à
 chacun l'honneur qui lui revient, que M. Lawson ne fut pas seul
 à supporter les frais de cette expédition. M. Gordon Bennett, du
 New York Herald, voulut aider de sa bourse et de son influence
 l'ancien reporter qu'il avait envoyé autrefois en Afrique.
     Stanley ne s'arrêta pas longtemps à Zanzibar. Parti de cette ville
   le 17 novembre 1874, il fitle'périple du lac Victoria en cinquante-
 six jours, et releva le Tanganika en cinquante et un jours. Ces
 études l'avaient convaincu que le Loukouga, dont le cours se diri-
 geait vers l'ouest, sortait très probablement du lac Tanganika :
 mais il ne savait quel était ce Loukouga, et s'il était un affluent
  du Congo. Lui-même était d'ailleurs si accablé par les fatigues,
  auxquelles s'étaient joints le mauvais vouloir et les persécutions
  des indigènes, qu'il se demanda s'il devait continuer sa route vers
  l'ouest, ou bien retourner à Zanzibar. Après avoir joué « à pile ou
  face », il se décida à partir vers la côte occidentale. Il s'éloigna
  de Kasengé à pied, et atteignit, après mille difficultés, une rivière
  appelée par les indigènes Luama, et tributaire d'un cours d'eau
  plus grand nommé Lualaba. Quel était ce Lualaba ? Fallait-il
 l'identifier avec le Congo, ou le regarder comme tributaire d'un
  lac intérieur ? Stanley consulta les indigènes, et il apprit que le
  fleuve, à l'endroit où il était arrivé, avait déjà traversé plusieurs