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LE CONGO 431 lacs importants. Il résolut alors de le redescendre, et de s'assurer de la direction que prenait le Lualaba. Il employa trois semaines entières à franchir les sept cataractes du haut fleuve, auquel il voulut laisser le nom de Stanley-Falls. Puis la navigation fut moins périlleuse et moins difficile, le fleuve ne présentant aucun rapide infranchissable depuis ces cataractes jusqu'au lac Ncouna, qui fut appelé Stanley-Pool par l'expédition. Mais de cet endroit à Vivi, vers l'embouchure du fleuve, il rencon- tra soixante-deux chutes, qu'il ne pouvait songer à franchir : aussi passa-t-il quatre mois et demi à exécuter cette dernière partie de son exploration. Les dangers ne venaient pas seulement des acci- dents infranchissables que le grand fleuve présentait dans son cours ; ils provenaient surtout des attaques des indigènes, qui regar- daient comme une agression injuste l'arrivée de ces étrangers dans leur pays. Stanley essaya d'abord de traiter avec eux, et de les gagner à force de présents ; mais, comme les négociations sont toujours lentes avec des sauvages, attendu qu'ils ne connaissent pas le prix du temps, il se lassa de leurs exigences et eut recours à la force pour se défendre. C'était une grave imprudence, qui devait avoir pour lui les suites les plus funestes. Les différentes tribus apprirent bientôt les engagements qu'il'avait livrés, pous- sèrent le cri de guerre, et le harcelèrent sans trêve ni merci : il fut obligé de livrer sur le fleuve trente-deux combats, dont plu- sieurs furent de véritables batailles navales. Quand sa supério- rité militaire fut bien reconnue, il ne fut plus guère attaqué : mais le vide se fit autour de lui, et il ne lui fut pas possible de se pro- curer les vivres nécessaires à ses gens. A toutes les offres qui leur étaient faites, les nègres répondaient en demandant du rhum : seule, la passion des liqueurs fortes leur aurait fait oublier leurs ressentiments. Stanley eut grand'peine à atteindreEmboma, la pre- mière station européenne de la côte, et encore les secours qui furent prodigués à l'expédition, ne purent-ils empêcher la mort d'un grand nombre de ses membres. Au milieu de ces déboires et de ces difficultés, Stanley avait néanmoins appris la plus heureuse des nouvelles : le fleuve qu'il venait de reconnaître était bien réellement le Congo, et ce cours d'eau pouvait ouvrir un accès dans les régions intérieures de