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             L E N O U V E L H I S T O R I E N DE C H A R L E S V I I             413

vérité est pour l'historien une grande et noble tâche ; la rétablir
vaut mieux encore. Je ne sais si, à la fin de ce long et consciencieux
travail, M. de Beaucourt nous donnera l'explication de cette
légende accusatrice. Il en est une que je proposerais volontiers,
vaille que vaille, quitte à la voir réfuter peut-être par l'étude
plus sérieuse des documents. Les peuples, comme les individus,
conservent surtout d'un personnage la dernière impression
qu'ils ont reçue. Si passionné qu'il soit pour cette réhabilitation de
la mémoire de Charles VII, M. de Beaucourt laisse entrevoir, dès
ses premiers volumes, que si la conduite du jeune roi malheureux
a été fort calomniée, celle du roi vieillissant prête aux plus graves
reproches, et que la maturité de l'âge et l'expérience durement
acquise au prix de tant d'épreuves ne le préservèrent point d'erreurs
que ne faisaient point pressentir ses jeunes années. N'est-ce point
là l'explication assez naturelle de cette réputation équivoque qui a
été faite aux mœurs de Charles VII, et le gros bon sens populaire,
en fixant à l'âge de la jeunesse la date des égarements, ne
donnait-il pas au roi qui avait recouvré la France, le bénéfice de
circonstances atténuantes que l'inexorable impartialité de l'histoire
devrait accorder moins facilement ?
   M. de Beaucourt suit dès l'enfance Charles VII, d'abord simple
prince du sang, et portant le titre de comte de Ponthieu. Il n'est,
en effet, que le troisième fils de Charles VI l , et rien ne fait pré-
sumer qu'il doive un jour monter sur le trône. La cour de
Charles VI et d'Isabeau de Bavière contraste par l'amour du luxe
et des fêtes avec les misères qui l'entourent. Les premières im-
pressions de l'enfant devaient ainsi lui donner le goût de cette vie
somptueuse pour laquelle il eut toujours de l'attrait. Maiu une
influence salutaire va bientôt réparer ce que la vue des désordres
de la cour a pu causer de trouble dans sa jeune intelligence. A la
fin de l'année 1413, il est fiancé à Marie d'Anjou, fille delà sage
reine Yolande de Sicile, et c'est dorénavant dans la maison de sa
belle-mère, en Anjou et en Provence, qu'il grandit à côté de sa


  i Ce terme de troisième fils n'est même exact que si l'on se reporte à la date de sa
naissance (22 février 1403). Il était le onzième des enfants et le cinquième des fils
donnés par Isabeau de Bavière à Charles VI.