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388                     LA R E V U E L Y O N N A I S E



    Les deux tiers seulement de ces poèmes ont été publiés ; les derniers-nés
portent, d'ailleurs, la date de décembre 1882. Le Brusc, d'Aix-en-Provence,
le Bulletin des sciences et arts, de la Gorrèze, la Mosaïque, la Gazette
d'Augsbourg et surtout la Revue des langues romanes ont aidé le nom de
l'abbé Roux à sortir des humbles limites de son diocèse de Tulle. Mais les
mentions et les citations elles-mêmes sont bien impuissantes à constituer une célé-
brité. Son Goulfiers de Lastours fut couronné, nous l'avons dit, aux fêtes latines
internationales de 1878, en même temps que son beau sonnet de Mar Latina '. Le
 voyage qu'il fit à Montpellier, à cette occasion, aura été (jusqu'ici du moins),
l'apogée de sa vie littéraire. Il y connut Mistral, H. de Bornier, A. de Quin-
 tana, les philologues et les félibres. Son improvisation limousine, en l'église de
 Saint-Mathieu, pendant la messe du félibrige, et son brinde au banquet de clô-
 ture, qui émut l'assemblée jusqu'aux larmes, lui gagnèrent toutes les sympathies.
 Ce limousin étrange, taillé à coup de hache dans un mélèze,, cette tête d'inspiré
 jetant feu et flammes et s'échauffant à sa parole, avaient fait d'abord prévoir
 un méridional, un apôtre. On le retrouva semblable,après quatre ans, à la
  Sainte-Estelle d'Alby en 1882.
     Nous en avons fini avec la Chanson limousine. L'an dernier, à pareille
  époque, J. Roux présenta l'ensemble de ses Gestes au grand concours de Mont-
  pellier. La Cour de la maintenance lui décerna, « à part et au-dessus de tout,
  le premier rameau du poème méridional, » rameau de laurier naturel, sui-
  vant une touchante tradition. Car c'est un laurier vert qui fournit leur couronne
  aux Dante, aux Gui d'Ussel, aux Pétrarque et aux Bernard de Ventadour.
  Le rapporteur du concours languedocien était M. Roque-Ferrier, un poète et un
  philologue, qui avait été un des premiers à deviner J. Roux et à encourager
  ses débuts limousins.
     Mais, après huit années d'un travail enthousiaste, le génie du poète s'était
   dégagé de plus en plus. Fidèle à sa devise : « Aucun labeur sans espérance, » il
   avait retrouvé la veine d'or des vieux chanteurs limousins, et, après avoir enlacé
   dans ses limpides monorimes la plupart des joyaux de son histoire, il venait
   d'écrire, comme le lui dit Mistral, un des livres les plus originaux et les plus
   poétiques du dix-neuvième siècle.
                                          .*

   Nous n'avons plus qu'à jeter un coup d'oeil rapide sur le reste de cette œuvre
 qui sera un des monuments de la Renaisance du Midi. Un Grand Diction-
 naire bas limousin encore inédit, dont les plus éminents philologues ont
 cependant parlé avec admiration, un recueil d'Enigmes limousines fsource-
 lages bas lemouzis) publié dans la Revue des langues romanes et une suite de -
 Proverbes bas limousins, terminée en 1882 et qu'édita spontanément l'ur.e

   * Sms parler de deux autres prix obtenus dans le même concours. Nous n'aimons
 pas à insister sur ces sorles d'encouragemenls, quand il s'agit d'un maître. Ils sont
 pqurtant nécessaire» .. et les treize Joio que J. Houx a gagnées à Sceaux, à For-
 culquier, etc., n'ont pas peu contribué à le soutenir dans ses travaux.