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JOSEPH ROUX 381 société?... Nous nous contenterons de nommer Bertrand de Born, Bernard de Ventadour, Giraud de Borneil et Gaucelme Faydit. La renommée de ces poètes s'étendit un moment si loin, qu'on a pu croire que l'appellation de langue limousine donnée parfois au catalan provenait de l'identité des deux idiomes, tandis qu'ils sont absolument distincts... Mais les chants cessèrent un jour. Le Limousin fut, quatre ou cinq grands siècles, sans gloire poétique. Vers le temps de la Révolution, deux hommes, cependant, illus- trèrent le haut Limousin: Foucaud (1747-1818), un imitateur de La Fontaine d'une remarquable intensité, et Richard (1730-1814), un plaisant conteur. Gomme essai de linguistique, nous avons à citer aussi le dictionnaire (inédit) de Dom Léonard Duclou (Limoges 1777), et surtout la fameuse Grammaire limousine de M. Ghabaneau. Quant au bas-Limousin, il était jusqu'à notre temps dans l'impossibilité de nommer une seule œuvre de valeur. Tout au plus, rappelle- rons-nous deux petits poèmes, publiés à la suite du dictionnaire du patois bas limousin, de Nicolas Béronie; les Ursulines, de l'abbé Sage, et la Mou- linade, du P. Laeombe, l'un et l'autre du dernier siècle. 11 était temps que Joseph Roux parût, et rendît à sa langue si dégénérée la richesse de ses beaux jours. Joseph Roux est né à Tulle, en 1834, d'une humble et nombreuse famille dont il était le dernier enfant. Son père était parvenu, à force de persévérance et de probité, à sortir de la médiocrité ouvrière où il avait vécu; quant à sa mère, Marguerite Ghastang, c'était cette femme ardente qui se faisait poursuivre à coups de pierres, en 1830, pour son attachement aux Bourbons, et soulevait le peuple de Tulle, en 1845, contre la municipalité qui voulait en chasser les frères. Il lui a consacré une de ses chansons. Après avoir étudié successivement chez les frères de Tulle, puis au petit séminaire de Servières où il obtint ses premiers succès de versification française, J. Roux,qui se destinait à la prêtrise, entra comme élève de philosophie au petit séminaire de Brive. C'est là que les essais du jeune poète furent connus et en- couragés par Mgr Bertheaud, l'illustre théologien qui occupait alors le siège de Tulle. Puis Joseph Roux passa quatre années au grand séminaire de cette ville, avant d'être ordonné prêtre, en 1858. Son évêque, voyant peut-être en lui une lumière future de l'Eglise, lui laissa le choix de sa position, et, sur sa demande, le nomma professeur à Brive. Après deux années d'enseignement, le jeune prêtre, malade par excès de travail et désireux de travailler encore, obtint la vicairie d'un village voisin, Varetz. Pays admirable, arrosé par la Vezère et dominé par les ruines de Gastel-Novel, le berceau du grand maître Pierre d'Aubusson! C'est là que Joseph Roux rêva ses Hymnes et Poèmes en Vhonneur de la Vierge Marie ', et consi- gna dans ses Pensées les premières observations que lui suggéraient ses lectures, ou qu'imprimaient en son esprit ses méditations solitaires. Nous avouerons franchement que le volume dé vers, malgré un fonds sérieux de poésie, n'était pas digne de fixer l'attention de la critique. Il n'en était pas de même des Pensées, Les manuscrits de Joseph Roux en contenaient déjà de si remarquables que, sur les instances d'un 'confident, il se décida à en offrir une i Tulle, Boussoutrot, Wx).