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346                   LA REVUE LYONNAISE
   « Mon petit chou » vaut donc à dire, mais en plus fort, comme
 « mon petit choyé ».
                               *

. Mon petit belin, tout le monde le connaît, c'est mon petit
agneau. On le dit quelquefois aux femmes, mais c'est généralement
mal appliqué.
  Belin est du vieux français ; toutefois ce n'était pas un mot
tendre comme chez nous, et il signifiait non pas agneau, mais
mouton et même bélier. On disait un mouton belin pour un bélier.
Belin est la personnification du mouton dans le roman du Renard:
                    Qui plus est soz et bobelins
                    Que li motons sire belins?

   Et, parlant par respect, dit le bon Roger de Collerye .
                    Avalez1 aussi doux que lin
                    Cinq ou six crotes de belin
                    Vous appartient.

   Villon emploie aussi belin dans le sens de mouton :
                    Item, j'ai sceu, à ce voyage,
                    Que mes trois pauvres orphelins,
                    Sont creus et deviennent en aago
                    Et n'ont pas testes de belins.

   Et Amyot au sens de bélier :
   « Si se rassist à terre et se print à plorer sa sotise de ce qu'il
 sçavoit moins que les belins comment il falloit accomplir... (il vaut
 mieux voir le reste au bon Amyot, Daphnis et Chloè). Encore
 aujourd'hui, dans le patois du pays de Bray normand, un blin est
un mouton noa hongre, et ce qui prouve d'ailleurs amplement la
signification primitive de belin, bélier, c'est le sens obscène dans
lequel les auteurs du quinzième et du seizième siècle emploient
le verbe beliner.
   Le mot n'est pas tiré du verbe bêler, comme on le pourrait croire
au premier abord. Belin, à l'origine, est simplement le mouton
qui porte la clochette (bas-latinbella.; néerlandais, anglais, saxon,
bell, clochette), étymologie dont témoigne notre mot bêlière.