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                               BIBLIOGRAPHIE                                     291
 haute situation, les hautes relations, l'état ecclésiastique cessent de conférer
 l'impunité. Ami des livres, des arts et des constructions, il protège les hommes
 illustres et les comble de ses dons. « Rigueur et amas de richesses, » telle est sa
 devise. Par sa célèbre bulle Immensa œterni Dei, il institue les Congrégations,
 entre lesquelles il répartit les affaires de son gouvernement et de toute la chré-
 tienté ; il les consulte et presque toujours se rend à leurs avis.
    La partie la plus intéressante pour nous est celle qui concerne la France
alors en proie à toutes les horreurs d'une guerre à la fois religieuse et civile.
 Le but que Sixte-Quint a toujours poursuivi a été le triomphe de la foi catho-
lique dans notre pays : mais en même temps son désir le plus cher fut de con-
server à la France son rang de puissance de premier ordre. Aussi, en dépit des
obsessions du roi Philippe II, d'Olivarès et du duc de Sessa, ses secrètes prédi-
lections sont elles en faveur du roi de Navarre qu'il regarde comme le seul vrai
roi de France. Lorsque la conversion du Béarnais lui semble un fait non seule-
ment probable, mais nécessaire, inévitable, il ne craint pas de rompre ouverte-
ment en visière à l'Espagne. Gomme Français, nous ndevons garder à Sixte-
Quint une éternelle reconnaissance pour avoir véritablement sauvé l'intégrité du
royaume.
    Nous aurions aimé voir l'auteur s'étendre un peu plus longuement sur l'exis-
tence de Sixte, antérieure à son érection au pontificat, savoir quelle fut la tour-
nure particulière de son esprit alors qu'il n'était que le prédicateur fra Felice.
Tonna-t-il contre la corruption de la cour de Rome, contre le népotisme, les
abus du siècle, comme le dominicain Guillaume Pépin, comme Gabriel Barelete,
comme Geiler de Kaisersberg, comme notre compatriote Anthoine Fradin, né à
Villefranehe en Beaujolais ? Une étude plus approfondie de cette partie de son
existence nous eût particulièrement intéressé : et nons pensons que M. de
Hubner comblera cette lacune dans les éditions qui suivront. G, L A V E N I R .




      HISTOIRE DE L'ÉDUCATION DES FEMMES EN FRANGE, par PAI:L
               ROUSSELOT. — Didier, Paris, 1883, 2 vol.; prix : 7 fr.

   A notre époque troublée, où il se livre chaque jour de si ardents combats autour
de la grande question de l'éducation des femmes, il n'est pas inutile de se re-
porter, en compagnie d'un historien exact et fidèle, aux siècles antérieurs pour
voir comment a été comprise et réglée avant nous cette importante matière.
Dans cette étude, le nouvel ouvrage de M. Rousselot pourra être avantageusement
pris pour guide. En effet, il suit pas à pas, expose et commente les doctrines qui
ont eu cours à ce-sujet depuis les premiers moments du christianisme jusqu'à
nos jours. II entre pour chacune dans une foule de détails : on pourrait même
lui reprocher un peu de prolixité et des longueurs. Le chapitre consacré au
dix-neuvième siècle est peut-être celui qui in'téressele plus vivement. Les diffé-
rentes législations qui ont régi l'éducation des filles, les rapports des doctrines
professées sur la question avec les systèmes de philosophie pure et de philoso-
phie politique alors en faveur, les théories des réformateurs, les revendications
des exaltés, sollicitent tour à tour l'attention du lecteur. Quant aux conclusions
du livre, elles peuvent être et seront discutées : mais quel que soit le parti auquel