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FELIBRIGE 285 RESPONSO A VICTOR HUGO « Le travail des champs est un travail humain, le travail de villes est un travail divin. » V. H. Dins li planas de la Camargo, Ounte lou biôu nègre s'alargo, Entre li champ bladous e li tamaris verd, Iéu, païsan anave en recitant ti vers. E dins l'espigo que granayo, Dins lou bourjoun que s'espetavo I rai dôu soulèu d'or, vesiéu flouri lou pan, Vesièu lou fru goustous, vesiéu lou vin lampant Que l'amo grando et caritablo Dins sa pensado deleitablo Voudrié porje à la vèuso, à l'aujôu, à l'enfant, I pople esclavagi que bramon de la fà m. Ère ourguïous : me sentiéu libre, Aviéu casau coume lou vibre, Aviéu terro de bla, tros de vigno e jardin. Fier de ma paureta, car ço que crèis dedin : Basin, arange, poumo e pruno, E figo bloundo e figo bruno RÉPONSE A VICTOR HUGO Dans les plaines de Camargue, où le taureau noir vit en liberté, parmi les champs de blé et les tamaris verts, moi, paysan, j'allais en récitant tes vers. E dans l'épi grenu, dans le bourgeon qui éclatait aux rayons du soleil d'or, je voyais fleurir le pain, je voyais le fruit succulent, je voyais le vin limpide, Que l'ame grande et charitable, dans sa douce pensée, voudrait offrir à la veuve, au vieillard, à l'enfant, aux peuples en esclavage qui hurlent de faim ! J'étais orgueilleux: je me sentais libre, j'avais ma hute comme le castor, j'avais terres en blés, vignes et jardins. Fier de ma pauvreté, car tout ce qui y croît : Raisins, oranges, pommes et prunes, et figues blondes et brunes sont pour les oi- sillons qui vont les becqueter, sont pour mon frère l'ouvrier, sont pour l'humanité'