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LE SALON LYONNAIS 251 porte le prix avec ses aquarelles. On prétend, ou plutôt on soup- çonne que ce peintre mélange la gouache à l'aquarelle... Grammatici certant. Ce sont là des querelles byzantines et des reproches étroits, en admettant qu'ils soient mérités. Le public admire avec enthousiasme, sans se préoccuper du procédé. Il est impossible de mettre un coloris plus chaud au service d'un pinceau plus élégant. Pour beaucoup de connaisseurs, ces aquarelles ont été le clou du Salon. Elles ont été bien vite acquises par des amateurs qui prédisent à l'artiste, pour bientôt, une célébrité fructueuse. M. Reignier a exposé des roses excellentes. Il est vrai qu'elles ne sont pas seules. Pour l'honneur de l'exposant je ne veux voir et louer qu'elles, et je déplore sincèrement les autres accessoires dont l'artiste a cru devoir embarrasser et défigurer son tableau. Que M. Reignier renonce donc bien vite à la céramique et à l'allégorie. Horace nous raconte qu'un peintre de son temps ne savait faire que les cyprès, et qu'il en mettait partout, jusqu'à satiété. De nos jours, on comprend qu'un artiste se spécialise et M. Reignier garderait dans notre école lyonnaise la place qu'il mérite, s'il se bornait à reproduire quelques fleurs, et s'il re- nonçait aux grandes compositions, auxquelles il n'entend rien. Pendant longtemps, Mme Puyroche-Wagner a été un peintre de fleurs à la manière ancienne, de cette école qui s'affirmait par un pinceau exact jusqu'à la minutie, consciencieux jusqu'à la loupe. Les fleurs sortaient de ce travail léchées, irréprochable, ad un- gnem, Mme Puyroche-Wagner entre dans une nouvelle voie, et passe à l'école moderne. Elle essaie d'une peinture large et grasse et se range au nombre des impressionnistes. C'est une tentative hardie, méritoire, et j'ajoute heureuse, si je regarde son Bouquet de roses. L'artiste a montré une grande souplesse dans cette trans- formation que faisaient prévoir ses œuvres précédentes. Un peu faibles dans les teintes sombres, ses fleurs, en pleine lumière, sont superbes. J'ai encore à citer de bonnes renoncules de M. Thevenet; les roses toujours si délicates et idéales de M. Perrachon ; des Coucous de MIle Dussieux-Keller, très fraîchement peintes avec un peu trop de trompe-l'œil ; le Bouquet rendu par M. Gorpet avec une anémie consciencieuse.