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18i                        LA REVUE LYONNAISE
pour s'élever dans les nues que de tomber dans le ruisseau. Je ne crois pas qu'on
ait jamais bien écrit, quand on a perdu le sens et la raison, et je pense que les
tirades les plus véhémentes et les plus échevelées ont été composées en face
d'une carafe d'eau. »
   Le chapitre sur Gavarni et celui sur les dessins de Victor Hugo sont encore à
citer parmi les plus remarquables de ce recueil.
   Tous ces articles, ainsi réunis en volume, charment le lecteur par la variété des
sujets et par l'originalité piquante qui fut toujours un des caractères distinctifs de
Théophile Gautier,



      LA CHIMÈRE D'AMOUR, par J. VILBORT. — G. Charpentier éditeur, 13, rue de
            Grenelle-Saint-Germain, Paris, 1 vol. in-18Jésus; prix : 3 fr. 50.


   Ce livre se recommande par de remarquables qualités de style, mais il laisse
le lecteur sous une impression désespérante, malsaine. Deux théories y sont aux
prises : celle qui présente l'amour comme volontaire, comme subordonné à la
volonté humaine et celle qui le peint irrésistible, fatal, destructeur de la liberté.
A ce dernier appartient- la victoire dans le roman poignant de M. Vilbort, qui
paraît écrit par un sectateur du dogme de l'antique fatalité. Bien tristes, au reste,
sont les fruits qu'il produit, et déplorable la fin des personnages de ce drame
intime. L'époux infortuné d'Irène Dorthez devient fou, la malheureuse femme
périt misérablement.
   A l'héroïne de ce livre, il manque, pour résistera la passion funeste qui l'enva-
hit tout entière, un sentiment qu'elle n'a pu apprendre de son père, matéria-
liste et révolutionnaire, le sentiment du devoir. Le nom de Dieu est absent du
roman de M. Vilbort : Irène ne sait point, au moment de la lutte, ployer les
genoux et regarder au-dessus d'elle. Sa chute lamentable fait bien voir ce qu'il y a
à attendre de l'éducation de la femme soustraite à l'influence de l'idée religieuse
et abandonnée aux enseignements incertains de la raison pure.



      CENT SONNETS, par un MERLE BLANC. Dédiés à tous ceux qui ont assez de la
       République, 1 vol. in-i8 Jésus. Pierre Lorin, éditeur, 12, rue Grange-Bate-
       lière, 4 fr. francût contre mandat-poste.


   Un souffle ardent de loyalisme, de patriotisme et de justice anime ces pages
fièrement indignées, auxquelles ne manque pas le vis comica ; c'est de la nerveuse
et fine satire, quelque chose comme du Juvénal légitimiste ou de la Némésis
catholique. Des œuvres comme celle-ci doivent être lues, en effet, « par tous ceux
qui ont assez de la République » et qui appellent la restauration de la patrie
française dans la monarchie nationale.
   On a demandé qui est-ce « Merle blanc », un poète modeste? Trop modeste,
car son livre est de ceux qui font honorer et aimer l'auteur. On l'attribue à un
vaillant royaliste qui sert journellement le Roi par la plume et par la parole,
comme autrefois il a servi Dieu par l'épée.
   Il y a là nombre de « sonnets sans défauts », selon le vœu de Boileau, notam-