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                   BIBLIOGRAPHIE

     ÉTUDES MORALES SUR L'ANTIQUITÉ, par CONSTANT MARTHA. Un vol. in-18 ,
                    prix : 3 fr. 50. Paris, Hachette, 1882.

   M. Constant Martha, un des professeurs les plus distingués de la Faculté des
Lettres de Paris, membre de l'Institut, a vu, on le sait,. couronnés par l'Aca-
démie française deux de ses livres (les Moralistes sous l'Empire romain et
une étude sur le Poème de Lucrèce, morale, religion, science). Il vient récem-
ment de recueillir en un volume plusieurs travaux sur cette antiquité, dont il a
une connaissance si approfondie et qu'il juge avec autant de tact que d'impartialité.
Complétant les notions qu'autrefois Villemain avait fournies à ce sujet, il a
d'abord examiné l'intéressante question des éloges chez les Romains, antérieurs
à ces oraisons funèbres dont l'éloquence chrétienne a tiré tant de chefs d'œuvre.
   Il a apprécié ensuite le rôle du philosophe Carnéade, introduisant à Rome le
goût de la philosophie grecque et aussi, par malheur, des habitudes de scepti-
cisme et des incertitudes morales, qui ne devaient que trop s'y propager. Il s'est
occupé aussi de deux problèmes fort curieux : l'usage des discours de consolation
et celui des examens de conscience, deux choses plus pratiquées qu'on ne le
croirait parmi les anciens;à ce double point de vue, les Pythagoriciens, Cicéron,
Sénèque, Plutarque, Dion Chrysostome, Epictète, Marc-Aurèle, Lucien, lui ont
suggéré d'utiles observations. Enfin, par un parallèle très piquant, quoique
parfaitement historique, il a opposé l'un à l'autre un chrétien devenu païen,
l'empereur Julien, qu'il a défendu contre les sévérités excessives du duc Albert
de Broglie, et un païen devenu chrétien, Synésius, évoque de Ptolémaïs, bien
connu par quelques remarquables pages de Villemain et par un excellent livre de
M. Druon et dont les lettres, les hymnes, les traités méritent un examen sérieux.
   M. Martha, Dieu merci! n'appartient pas à cette école nouvelle d'érudits à ou •
trance, qui se reprochent comme une défaillance tout soupçon d'agrément, comme
une frivolité toute finesse ou toute grâce de style ; commentateurs myopes qui ne
voient pas plus loin que leurs textes, esclaves d'une glose, victimes des manus-
crits, qui font de l'art, de la science, des lettres de pures questions algébriques
à résoudre suivant la formule. Il s'adresse, lui, au public, à tout le monde : il
est désireux d'instruire ; toutefois, il ne dédaigne point de plaire. Il n'avance rien
qu'il ne sache, qu'il ne démontre; mais il se laisse lire et comprendre; nous lui en
sommes,pour notre part, fort reconnaissant.          A. P H I L I B E R T - S O U P E .