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182                       LA REVUE LYONNAISE


      HOMMES ET CHOSES DU TEMPS PRÉSENT, par G. VALBERT, Un vol. in-.lS ,
                     prix : 3 fr. 40. Paris, Hachette, 1883.


   M. Victor Gherbuliez a, sous son propre nom, donné une vingtaine de romans,
dont la plupart ont obtenu un grand et légitime succès. Cet enfant de la Suisse,
naturalisé français par son esprit et son style, est arrivé tour à tour à la renommée,
à la fortune, à l'Institut. Mais, sous le pseudonyme de Valbert, il s'est ouvert
une seconde voie; il a visé à un autre genre de réputation et ses chroniques poli-
tiques de la Revue des Deux-Mondes sont estimées autant pour la sûreté des
informations que pour la verve, parfois un peu paradoxale, des jugements qu'il
y formule.
    Le dernier recueil qu'il a composé avec ces articles (Hommes et choses du
temps présent) offre, comme toujours, la plus agréable lecture, et la variété des
sujets traités n'y est pas un des moindres mérites. Ici il aborde des questions
intérieures et tout actuelles: la force et la faiblesse des gouvernements démocra-
tiques ou l'enseignement primaire laïque et obligatoire. Là, il fait des excursions
en Angleterre, à propos du roman célèbre de Daniel de Foë, des œuvres de
 Thomas Garlyle et du tunnel de la Manche, ou en Italie pour parler de la
 papauté et de Garibaldi. Plus loin, il nous entretient des romanesques aventures
d'un Grec de Péra, Basile Miltiade Nikolaïdy, fait turc de force dès le berceau et
 devenu le noble Ali Kourschid-Bey ; mais c'est surtout l'Allemagne qui le préoc-
 cupe.
    Rien n'est plus intéressant que les trois monographies qu'il a consacrées aux
 amours mondaines du communiste Ferdinand Lassalle, au comédien Schneider
 transformé en conseiller de cour et à Amélie de Lasaulx, sœur Augustine, reli-
 gieuse excommuniée. Sur des matières plus graves, il ne se montre ni moins
 vif ni moins spirituel, et la correspondance du sceptique et peu scrupuleux
 Frédéric II, les infortunes du roi de Hanovre Georges V, la vie intime et les
 luttes parlementaires de M. de Bismarck, l'expédition malheureuse du docteur
 Rohlfs dans les oasis de la Tripolitaine, les misères des Juifs persécutés en
 Allemagne, trouvent en lui le chroniqueur le plus exact et le plus original
des peintres.                                     A.   PHILIBERT-SOUPE.



       MARIVAUX, SA VIE ET SES Å’UVRES, par G. LARROUMET, Un vol in-8,
                      prix : 7 fr. 50. Paris, Hachette, 1882.


   Marivaux est un de ces auteurs de second ordre qui, dans un genre spécial,
 ont trouvé moyen de se placer au premier rang, mais qu'on connaît surtout de
nom et qu'on cite plus qu'on ne les lit. Avec sa morgue habituelle, La Harpe
l'avait traité fort dédaigneusement ; il n'en est pas moins vrai que son roman de
Marianne et cinq ou six de ses comédies sont parvenus à la postérité. De bons
juges (de Barante, Jules Janin, Sainte-Beuve), lui ont, en ce siècle, rendu
justice, et il existe si bien des phases successives pour le goût, des modes diverses
pour la critique, que l'Académie française, naguère encore très classique et très
puritaine, n'a pas hésité, en 1880, à proposer XÉloge de Marivaux pour sujet