page suivante »
FELIBRIGE AUGUSTE FOURÈS Nous ne prétendons pas écrire une étude complète sur Auguste Fourès, nous nous bornerons à signaler quelques traits de sa biographie. Il appartient à un groupe de républicains-fédéralistes, un peu démembré aujourd'hui, mais qui fut longtemps l'extrême gauche militante du félibrige languedocien. Fourès est né à Castelnaudary, en 1848, en pleine République, d'un père repu - blicain et qui le fut jusqu'au bout- « Une tête étrange, bien plantée sur un cou solide, a écrit de lui M. Hippolyte Devilliers, peu de barbe, des cheveux abondants, une physionomie hardie avec l'air doux, de l'assurance dans le regard et de l'ampleur dans le front, rien d'ordinaire, une tête enfin de redresseur de torts venu quelques siècles trop tard. » Je ne connais pas Fourès autrement que par ses portraits, mais la lecture de son œuvre donne l'idée d'une nature ardente et révoltée. A dix-huit ans, son père mort, il se forma seul en toute liberté, et embrassa la double tâche du journalisme politique et des vers français. Dans le Méphistophelès, paraît un jour un article de lui où l'Empereur est si malmené qu'on parle de supprimer le journal. Encouragé dans cette voie, Auguste Fourès poursuit la même campagne dans plusieurs feuilles méridionales. Nous ne les énumèrerons pas. Il trouve le temps cependant de faire éclore Oiselets et Fleu- rettes, son premier volume de vers. C'est en 1872, Fourès à vingt-quatre ans. Le volume est bien accueilli, car on y sent déjà , sous de franches peintures agrestes, la main d'un artiste et l'idée d'un penseur. Mais ce n'est encore qu'un début. Le félibrige vient de passer le Rhône. La maintenance du Languedoc n'est point organisée, que déjà plusieurs poètes se groupent autour de la Société rc- mane comme autour d'une mère qui protégera leur chants. Cette adhésion de la science à l'œuvre provençale va recruter au félibrige ceux-là même qui affec- taient de demeurer à l'écart Les divisions politiques et religieuses se retrouvent partout C'est alors qu'un groupe de républicains-fédéralistes, ayant pour chef suprême le vieux Napoléon Peyrat, et pour champions dévoués Fourès et M. de Ricard, entre à son tour dans le chœur des félibres, mais avec des chants de deuil.