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                   BIBLIOGRAPHIE

     LA QUESTION DBS GRÈVES SOTJS L'ANCIEN RÉGIME. La grève de Lyon
       en 1744, épisode de l'histoire commerciale et industriefle do la France, par
       M. PIERKE BoNNASSiRbX, archiviste aux Archives nationales. Paris, Berger-
       Levrault. 1882.


    La question des grèves est une de celles qui préoccupent le plus les écono-
 mistes et tous les esprits sérieux de notre temps, et elle est aussi l'une des plus
délicates. Le législateur a osé l'aborder en 1864; il a cru pouvoir même procla-
mer alors le grand principe de la liberté du travail et l'inscrire dans une loi;
mais le redoutable problème de l'organisation équitable des tâches et de la juste
 répartition des salaires est encore loin d'être résolu; il n'est de jour encore que
les plus graves conflits n'éclatent dans tous les centres industriels, entre le patron
et l'ouvrier, et que les publicistes les plus éminents ne cherchent à trouver la
solution de cette grande question sociale. M. Pierre Bonnassieux, un des savants
archivistes des Archives Nationales, et à qui nous devons déjà le beau livre
sur la Réunion de Lyon à la couronne de France, a voulu aussi traiter la
grave matière des grèves et il l'a fait à un point de vue tout nouveau. Re-
montant dans le passé, il a cherché s'il a existé des grèves sous l'ancien régime
et comment les traitait lajurisprudence alors établie, pensant, avec raison, que de
cet aperçu rapide sur les temps antérieurs, on pourrait tirer une conclusion
pratique pour l'avenir. Toutefois, les véritables coalitions d'ouvriers ne se sont
produites qu'au siècle dernier, parce qu'alors seulement on établit des usines et
des manufactures. La plus grave de ces émotions populaires, comme on disait
alors, eut lieu à Lyon, en 1744, et M. Bonnassieux s'est attaché à la raconter
avec le soin le plus minutieux, car elle offre un type excellent de comparaison
avec les grèves d'aujourd'hui, et présente, dans son ensemble, une rare réunion
de leurs principaux caractères constitutifs. Je voudrais pouvoir suivre M. Bon-
nassieux dans son récit de ce grand et douloureux drame. La justice fut saisie de
l'affaire, elle ne put voir, d'après la législation en vigueur, dans les prétentions
et les revendications des ouvriers qu'une sédition criminelle et non point l'exer-
cice du droit de la liberté du travail, mais tumultueusement demandé.
   La répression fut terrible ; si force resta à la loi, la royauté usa, à son tour,
de sa plus belle prérogative ; elle pardonna, comme elle a pardonné tant de fois
et trop souvent, peut-être, aux vrais ennemis de l'État.