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 90                          LA R E V U E      LYONNAISE

   Cette étude des grèves de l'ancien régime et de la vieille jurisprudence sur la
matière, sera lue avec le plus vif intérêt, car elle jette un jour tout nouveau sur
cette grande question sociale. Le législateur actuel en fera aussi son profit pour
la résoudre enfin, au mieux des intérêts des parties en litige ; mais il restera tou-
jours à la justice un grand devoir à remplir, celui de distinguer l'ouvrier hon-
nête et qui souffre, de ces misérables ambitieux qui pour la satisfaction de leur
criminelle et basse ambition, exploitent la naïve confiance du vrai travailleur, le
jettent sur le pavé, au milieu de toutes les privations, et s'en font un marchepied
pour arriver à des situations lucratives auxquelles ils n'auraient jamais pu pré-
tendre par leur nullité et leur paresse.               L É o p o L D N I E PC E .




      L'ARBRE DE NOËL, Contes et légendes recueillis par X. MAKMIKR, illustré
        de 68 vignettes sur bois, par BERTALL. — Paris, librairie Hachette et C",
        79, boulevard Saint-Germain.— Lyon, chez tous les libraires.— Prix : 2 fr. 25.

   Quiconque a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu.
   M. Xavier Marmier, le charmant conteur, peut à bon droit s'appliquer
le mot du fabuliste. De ses longues pérégrinations à travers le monde, il a
rapporté bien des souvenirs, bien des légendes. L'Arbre de Noël, que vient de
publier la librairie Hachette, est un recueil de contes cueillis de ci, de là, par
tous pays, tous inspirés par la pensée pieuse qui fait vibrer à l'unisson les cœurs
chrétiens en cette sainte nuit de la naissance de l'Enfant-Dieu. Dans tous les
lieux où M. Marmier l'a vu célébrer, en Franche-Comté, dans sa patrie, en
Islande comme en Amérique, dans les régions du Nord et dans celles du Midi,
partout la fête est entourée d'un cortège de traditions touchantes; partout dlo
apporte la joie au foyer et elle met un peu d'espérance au fond des cœurs.
   Ne déflorons pas par une sèche analyse l'attachante naïveté de ces récits que
les petits enfants, pour lesquels ils semblent écrits, ne seront pas seuls à lire.
Aussi, bien, leur charme exquis, leur tournure pittoresque les recommandent à
l'attention de l'homme délicat qui cherche autre chose dans un livre que l'émo-
tion brutale du roman. Qu'il nous soit permis de prouver ce que nous avançons,
en mettant sous les yeux des lecteurs une pièce détachée du volume.

         CHANT D'UNE MÈRE P R E S DU BERCEAU DE SON E N F A N T
                       — P o é s i e f i n l a ïLclaisç —
   J'aime à chanter pour mon enfant; je cherche avec joie de douces paroles pour mon
 petit trésor. Faut-il lui répéter un chant de berceau ou un chant de bergère que ma
mère m'apprenait quand elle m'asseyait devant sa quenouille? Je n'étais pas alors
 plus haute que son rouet; je n'atteignais pis au genou de mon père.
   Mais pourquoi redirais-je les chansons de ma grand'mère ou celles de ma mère?
J'en ai moi-même composé plusieurs. Sur chaque sentier j'ai trouvé un mot, sur
chaque bruyère j'ai pensé à un sujet ; j'ai pris un vers sur chaque branche de la forêt,
je les ai recueillis sur chaque buisson.
   La gelinotte est belle à voir sur la neige; l'écume de la mer est blanche sur le
 rivage. Plus beau est mon petit garçon, plus blanc est mon petit amour.
   Le Sommeil est à la porte et demande : N'y a-t-il pas ici un doux enfant au maillot,
 un joli garçon dans son lit?
   Viens, heureux sommeil, près de son berceau ; enlace l'en fant,assoupis sespaupières.
   Balançons le petit fruit des champs, Berçons la légère feuille des bois. C'est un
 enfant que je berce; c'est une couchette que je balance.