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LA RÉVOLUTION— 1789-1882 55 période du sentimentalisme. Ces jours furent vraiment beaux et ra- dieux, et il convenait d'en rappeler l'impérissable mémoire. L'œuvre de la Convention, elle aussi, n'est point toute de ténèbres. De grandes institutions surgirent, des forces prodigieuses furent soulevées. Les armées de la République surent garder le sol sacré de la patrie et le grand orateur légitimiste, Berryer, a pu avec raison remer- cier l'Assemblée révolutionnaire d'avoir sauvé l'intégrité du terri- toire. Si l'auteur a laissé dans l'ombre les considérations que nous venons d'indiquer, nous ne saurions cependant lui en faire un reproche trop vif. Il n'a point voulu écrire l'histoire de la Révo- lution : le but qu'il poursuivait était autre, c'était de montrer l'influence néfaste, à son avis, de l'idée révolutionnaire, depuis le jour où elle s'est ouvertement produite jusqu'aux temps actuels où elle semble, momentanément au moins, triompher. Son ouvrage est divisé en deux périodes : la première va du 4 mai 1789 au 18 brumaire an VIII : elle commence aux Etats généraux et finit à l'entrée des grenadiers de Murât dans la salle des Cinq-Cents. La seconde n'est point encore close. Le caractère particulier du livre de M. Charles d'Héricault, c'est sa tournure pittoresque qui attache et qui intéresse le lecteur. L'auteur étudie successivement la politique, la morale et la civilisation sous la Révolution. Les détails curieux, les anecdotes s'accumulent sous sa plume. Certains chapitres se font tout particulièrement remar- quer ; nous citerons celui qui traite du journalisme pendant la Révolution, et celui sur les mœurs. Quand il en vient à parler de de la justice, officielle ou populaire, son ton s'élève: l'indignation le rend éloquent et le souvenir lamentable des victimes de la Ter- reur donne à sa parole les accents d'une mâle énergie. De même quand il raconte les incroyables souffrances infligées aux prêtres insermentés qu'au nom'de la liberté la République déportait à Cayenne. Plus heureux mille fois furent ceux que les bateaux à soupape précipitèrent au fond de la Loire et qui évitèrent ainsi les tortures de cette infernale traversée ! Mais le côté peut-être plus attachant encore de la Révolution de M. d'Héricault, ce sont les innombrables illustrations dont elle est enrichie, gravures sur bois, fac-similés de tous genres, splendides