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HISTOIRE DU S E N T I M E N T DE LA N A T U R E 49 Le deuxième livre traite de l'art en général et des arts divers dans leurs rapports avec le sentiment de la nature. A la poésie appartient sans conteste la première place, et le motif de cette prééminence est vraiment philosophique et déduit des principes que l'auteur a précédemment établis : « La manifestation la plus complète de l'âme humaine, la forme la plus adéquate que l'âme humaine puisse donner à ses idées, c'est la parole. La parole est aussi le nom par excellence de l'œuvre divine. La création dérive du Verbe ; la nature est un langage. « Entre tous les arts humains, le plus excellent, le plus complet, et le plus durable, c'est l'art qui prend ses matériaux dans le lan- gage, l'art qui n'est que la parole elle-même à son plus haut degré de vie et d'intensité, la poésie. » Au second rang vient l'architecture, dont la noblesse est d'être l'art religieux par excellence, l'architecture qui ne représente pas seulement, comme on l'a dit, le règne inorganique dans la création, mais le plan lui-même et comme la charpente de l'uni- vers. Signalons à ce propos le curieux parallèle qu'au chapitre consacré à la musique l'auteur fait entre ces deuxarls. Il traite ensuite de la statuaire, de la peinture qui, par la cou- leur, rentre dans le domaine delà nature, enfin de la musique. Les pages où sont analysés chacun de ces sujets, sont pleines d'idées ingénieuses, de considérations originales, et le lecteur les par- courra avec un intérêt toujours croissant. Les principes fondamentaux que nous venons non pas d'exposer, nous n'avons pas cette prétention, mais d'indiquer sommairement, une fois exposés, il reste à en déduire les conclusions. C'est ce que fait M. de Laprade dans son troisième livre qu'il intitule : Prin- cipes généraux de l'art, tirés du sentiment de la nature. Les différentes écoles littéraires ont été unanimes en un point, savoir que l'art devait imiter la nature. L'auteur de Y Art Poétique et celui de la préface de Cromwel sont à ce sujet du même avis, et là -dessus l'abbé Batteux s'exprime comme M. Emile Zola. Mais cette expression : Imiter la nature, elles l'entendent chacune dans une acception particulière : de là les résultats bien différents aux- quels elles aboutissent. Pour Boileau et ses disciples, la nature, c'est un monde purement vraisemblable, possible, conventionnel, JANVIER 1883. — T. V. 4