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 Et ils voulurent bien aussy l'admettre dans leur jeux et divertissemens, de sorte
 que le 24 aoust 1679, ayant soupe avec eux, le sieur Glain comte allemand, les
sieur Grolier, Dufour et autres, il les suivit en la place de Bellecour lieu ordinaire de
la promenade, et sy rendirent tous ensemble sur les neuf à dix heures du soir
poury prendre le frais comme faisoient lors d'autres personnes de lad. ville en
grand nombre. Mais huit ou dix soldats du guet et deux sergens qui s'estoient ce
jour là mis en marche plutôt qu'à l'ordinaire demandèrent au prince Philippe et
audit Dufour, qu'ils ne connaissoient pas apparemment et qui étoient les moins
avancez, ce qu'ils faisoient en lad. place à une heure indue auxquels s'étant fait
connoitre ils dévoient passer leur chemin et continuer leur ronde. Mais au con-
traire quelques uns d'entreux s'étans arrestez insultèrent le chevalier de Savoie
qui étoit le plus avancé, ce qui l'obligea de mettre la main à l'espée pour en tirer
 satisfaction, et il l'auroit peu faire si le suppliant ne l'eut prié de remettre son
 espée au fourreau, comme il fit après ces instances et remontrances à cause du
mal qui en pou voit arriver. Cependant comme lesd. gens du guet ne laissoient
 pas de faire toujours des mouvemens viollans et en desordre, le chien dud. sieur
 comte allemand se jettoit aussy sur eux avec viollance sans que l'on peu l'empê-
 cher parce que lesd. soldats luy donnoient des coups de hallebarde, au sujet de
 quoy led. sieur chevalier de Savoye leur cria que s'ils le tuoient il en seroit
 autant d'eux, lesquels continuant toujours leurs insultes parce que la plus part
 étoient plains de vin et sans aucun officier, led. sieur chevalier de Savoye cassa
 son espée en parant un coup d'hallebarde duquel il fut blessé à la main et à
l'estomac, dont led. sieur prince Philippe son frère s'étant aperceu il fut à'eux
 et les poussa si vigoureusement qu'il les mit en déroute et en tua un sur la
 place de son espée qui luy demeura engagée dans le corps, et s'étant a même
 temps saisi d'une de leurs hallebardes il les poursuivoit encore et eut peu les
 tuer sy le suppliant et ceux de la compagnie desd. princes n'eussent fait tout leur
 possible pour les faire retirer dans la maison où il logeoient à la pomme de pin
 qui est en lad. place. Et bien que le suppliant n'ait blessé personne ny porté
 aucun coup, que même il fit tout ce qu'il peut pour empescher ce desordre il a
 néanmoins été compris dans la sentence de mort qui a été rendue par les juges
 par deflàult et contumace sous prétexfe qu'il a été présent à cette action, qu'il
 avoit joué ce jourlà à la paume et soupe avec lesd. princes, et que le lendemain
 il étoit sorti de lad. ville avec eux, duquel fait le sieur Dufour qui étoit aussy de
 la compagnie et qui y avoit beaucoup plus de part que le suppliant de paroles et
 d'action auroit obtenu nos lettres de grâce rémission et pardon qui ont été enté-
 rinées en notre parlement de Paris à cause de sa qualité de gentilhomme, et le
 suppliant désirant aussi se justifier après son retour d'Italie, il nous a très hum-
 blement suplié lui accorder noslettres de pardon sur ce nécessaires. A ces causes
 désirans préférer miséricorde à rigueur de justice, avons de nos grâce specialle
 plaine puissance et auctorité royale par ces présentes signées de notre main,
  quitté et pardonné audit de La Chassaigne, quittons et pardonnons le fait et cas
  tel qu'il est cy dessus exposé avec toute peine admande- et offense corporelle