page suivante »
24 LA REVUE LYONNAISE crêtes. Aujourd'hui ses mémoires ne sont plus à faire. Et si l'ou- vrage entier de M. Luigi Chiala tient toutes les promesses de son premier volume, rien de Gavour ne nous sera inconnu ;nous péné- trerons ses plus secrètes pensées, nous assisterons à son développe- ment intellectuel, nous surprendrons l'épanouissement de son génie, et, après cet examen tout psychologique, il ne restera plus qu'à attendre sur cet homme extraordinaire, si diversement apprécié, le jugement infaillible de l'avenir. M. Ghiala ne s'est pas contenté de réunir en un premier volume les lettres écrites par Cavour de 1821 à 1852; le recueil est précédé d'un travail de longue haleine, d'une sorte de commen- taire chronologique, où la vie de Cavour est racontée année par année. Cette biographie consciencieuse était un préliminaire indis- pensable à la lecture des lettres. Elle met en lumière les circon- stances qui ont inspiré cette correspondance, et permet d'en apprécier le caractère et le mérite. Après les nombreuses monographies que la fortune inouïe du comte de Gavour a provoquées, l'étude patiente et fidèle de M. Chiala a son intérêt : elle nous transporte dans la sphère où vivait Cavour, et nous dévoile cette société politique qu'il domina bien vite de toute la hauteur de son esprit. C'est surtout: quand il s'agit de préparer sur un contemporain le jugement de l'histoire qu'il convient de réunir avec impartialité les pièces du procès. L'influence des temps et des milieux, qui est si grande sur la nature humaine, l'est encore plus sur les résolutions d'un politique; et il serait injuste, en rapportant ses opinions ou ses volontés, de ne pas les éclairer par les faits qui ont formé sa con- viction ou motivé ses décisions. Pour entreprendre un travail d'ensemble sur cette nouvelle publication, il conviendrait d'attendre les volumes qu'on nous annonce et qui seront, sans doute, les plus intéressants en raison du rôle considérable que joua Cavour depuis 1852 jusqu'à sa mort, Aussi je veux me borner à choisir dans ce premier tome quelques lettres qui auront au moins l'attrait de la nouveauté pour tous ceux qui s'intéressent (dans tous les sens du mot) à l'unité de l'Italie. Que l'on croie ou non à la durée de l'œuvre de Cavour, il n'en est pas moins curieux de surprendre la formation de ses des- seins, et de suivre dans leur marche quotidienne, les progrès de