Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              L'OME                     POUPULARI
                                CONTE PROVENÇAL




  Lou Maire deGigougnan m'avié counvida l'autre an, àla voto de
soun endré. Erian esta, st an, cambarado d'escritôri à l'escolo de
Mount-Favet, mai desempièi nous eriam plus vist.
  — La benedicioun de Dieu ! me cridè entre mevèire, tu sies tou-
jour lou même : fres coume un barbèu, poulit coume un sou, dre
coume unu quiho... T'auriéu couneigu sus milo !
  — 0, siéu toujour lou même, ié respoundeguère ; soulamen la


                     UN H O M M E                POPULAIRE
   Le maire de Gigognan m'avait invité, Tau demie:-, à la fête de son endroit Nous
avions été, sept ans, camarades d'encrier à l'école deMontfavet; mais, depuis* ce temps
là, nous ne nous étions plus revus.
   — Bénédiction de D i e u ! me cria-t-ïlsitôt qu'il me vifc, toi, tu es toujours le même ;
frais comme un poisson, joli comme un sou *, droit comme une quille... j e t'aurais
reconnu entre mille.
   — Oui, j e suis toujours lo même, lui répondis-je : seulement la vue baisse un peu ;


   1 Maigre l'opinion récemment émise par des romanisants comme mes excellents confrères
 des Langues romanes, Roque-Ferrier et Donnadieu , je ne puis me décider à traduire
 autrement cette expression si souvent usitée poulit coume un sôu. Les philologues qui
 regardent haut et voient de loin peuvent seuls traduire poulit (joli) ou brave (sage et quel-
 quefois commode) coume v,n sot*, par comme un SOLEIL. En Provence, cette expression s'em-
ploie uniquement en parlant d'un enfant ; on ne l'applique à une jeune fille, une jeune femme
ou un jeune homme qu'en plaisantant ou lorsque celui qui parle est de beaucoup plus âgé que
la personne dont il est question. Quoi déplus joli, sage ou commode aux yeux d'un enfant
que le sou, seul trésor qu'il puisse rêver d'obtenir et qui lui su frit pour acheter des goubiOj
des mouvioun    et de l'étoupe pour son chicarot. A coup sûr, ceux qui emploient cette
expression aujourd'hui ne vont pas au delà delà beauté, de la sagesse et de la commodité du
sou, considéré dans la satisfaction qu'il procure à l'enfant. (N. d. t.)