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                               L'OME P O U P U L A R I                                    9

visto baisso un pau, l'ensouble ris, lou peu blanquejo : e li cime
quand soun blanco, li valoun soun gaire caud.
   — Ah! vai, me faguè, badau, biôu vièi fai regodrecho, e vèn
pas vièiquau vùu. . Anen, anen dina.
   Sabès coume se manjoi fèsto de vilage, e vers l'ami Lassagno
vous responde que fai pas fre. Tambèn, i'ague'n dina que se fasié
dire vous : de couquiho de chambre, de troucho de la Sorgo, rèn
que de viando fino e de vin cacheta ; lou cop dôu mitan ; de Ii-
quour de touto meno ; e, pèr nous servi à taulo, unpougau de vînt
an que,.. vous dise pas mai.
   Goumeerianau dessèr, entendèn un vounvoun dins la carriero :
vounvoun! vounvoun !.., Eroli tambourin. La jouinesso de Ten-
dre venié, coume es l'usage, touca l'aubado au Conse.
   — Duerbe la porto, Françouneto ! cridè moun ami Lassagno,
vai querreli fougasso, e zôu ! lavo de got.
   Enterin li menestrié batien sa tambourinado. Quand aguèron fini,
lis Abat dôu jouvènt, lou bouquet à la vèsto, intrèron dins la salo,
emê li tambourinaire, emé lou varlet de vilo,quepourtavo fieramen
lou gaiardet di joio, emé li farandoulaire, e pièi tout lou fl'han.

le haut de la tête se dépouille, les cheveux blanchissent : et quand les pics sont
blancs, les vallons ne sont guère chauds.
  — Va, bon garçon, dit-il, vieux taureau fait sillon, droit et ne deviennent pas vieux
tous ceux qui le voudraient. Allons, allons dîner.
  Vous savez comme l'on diue les jours de fête de village, et chez l'ami Lassagne, je
vous assure que l'on ne prend pas froid. Aussi, il y eut un dîner qui faisait dire vous
coquilles d'écrevisses, truites de la Sorgue, rien que de la viande choisie et du vin
bouché, coup du milieu, liqueurs de toute sorte, et, pour faire le service, un
tendron de vingt ans qui... je ne vous en dis pas davantage.
   Gomme nous étions au dessert, voilà que nous entendons un bourdonnement dans la
rue: vounvoun!       vounvoun!...    c'était les tambourins. La jeunesse de l'endroit
venait, selon l'usage, donner la sérénade au Conse J .
   — Ouvrela porte, Fanchonnette, cria mon ami Lassagne, vas chercher les fougaces^,
et vile, lave des verres.
   Et de ce temps, les tambourins faisaient leurs roulements. Quand ils eurent fini,
les abbés de la jeunesse, leur bouquet à la veste, entrèrent dans la salle, avec les
tambourinaires, avec le valet de ville qui portait fièrement les prix des jeux, avec les
farandoleurs et puis toutes les jeunes tilles.


   * Aux douzième et treizième siècles, les magistrats municipaux des communes du Midi
prirent le titre de Conse ou Consul, et le gardèrent jusqu'en 1789, comme à Lyon. (N. d. t.)
   2 Sorte de pain ou de brioche découpée et à jours, particulière au Midi et inconnue dans
le Lyonnais. La fougace de Provence ne ressemble en rien à la fouace telie que la décrivent
les dictionnaires français.