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- 478 - d'Avenas, qu'on écrit alors en latin, Avenacum. Nous devons nous arrêter pour expliquer l'origine de ce mot. Il faut signaler en premier lieu l'étymologie donnée par les historiens anciens du Beaujolais qui font venir ce nom de avena, avoine. Mais citons l'histoire de Louvet publiée par Guigue1 : « Advenas ; pauvre pays et presque tout d'avoine dont il a pris le nom Avenacum de avena, du diocèse de Mâcon... ». Cette interprétation donnée autrefois par un personnage qui ignorait totalement les lieux est d'une naïveté candide qui fait sourire. Comme si l'avoine était plus que telle autre céréale, le seigle par exemple, la culture attitrée des pays pauvres. Si l'éty- mologie proposée était vraie, on attendrait, plutôt qu'Avenas, Avenières de Avenarias, nom connu en Lyonnais. M. Devaux3 a proposé une autre étymologie assez solide que M. Ste- yert a contestée au cours d'une vive polémique qui les mit aux prises et dans laquelle le premier eut un triomphe facile. D'après lui, Avenacums dérive de Avenus, nom d'un propriétaire foncier, avec adjonction du suffixe celti- que acus, acum; Avenus serait le diminutif du gentilice connu Avius. Steyert, s'abritant derrière l'autorité de Dissard, affirmait qu'en épigraphie on ne trouve jamais le gentilice Avenus ; la vérité est qu'il n'apparaît pas dans les inscriptions de la Narbonnaise, des Gaules et de la Germanie4, mais on le rencontre ailleurs à plusieurs reprises.5 On peut toutefois appor- ter deux légères réserves à l'étymologie proposée : rien ne nous dit que le radical Aven ait appartenu à un nom romain, plutôt qu'à un mot celtique6 ou même ligure. D'autre part, le terme d'Avenas est bien moderne ; il n'apparaît qu'après l'an 950 dans les cartulaires à la place de Rosarias et il peut avoir été créé à cette époque. Pourquoi alors ne le rattacherait-on pas, en faisant une petite entorse à la phonétique, au nom de la comtesse Avana, sœur du fondateur de Cluny, Guillaume le Pieux, qui se distingua par les 1. Tome I, p . 272. 2. Etymologies des noms de lieu du Lyonnais et Réponse à M. Steyert. 3. On retrouve aux portes de Reims un Avenacum qui a abouti à Avenay. 4. Livres XII et XIII du Corpus. 5. C. I. L., V, 3.383 ; IX, 2.379- 6. Le. radical Aven a bien l'allure celtique ; d'ailleurs on le trouve trop souvent dans nos noms de lieu (cf. Avenw) pour l'attribuer en toute certitude à une importation romaine.