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Le 29 septembre 1789, il avait donné, en l'honneur de la bénédiction des
drapeaux de cette milice et du mariage de « deux personnes vertueuses »
qu'il avait dotées, un vaste banquet, auquel avaient pris part 3.000 con-
vives, dans la cour de son château. Un bal monstre avait clôturé cette
fête. Il semble bien qu'en s'attaquant à un démagogue aussi puissant, le
maire et les « officiers municipaux », comme on disait alors, aient commis
une imprudence. La réponse imprimée du « commandant général, colonel
de la garde nationale du bourg de la Guillotière, à M. Ferrand, maire du
dit bourg» est du 22 mai 1790. Le lendemain, 23 mai, qui était le jour de
la Pentecôte, les membres de la municipalité attirés comme dans un tra-
quenard dans une assemblée populaire où dominaient les gardes nationaux
en armes, y passèrent un triste quart d'heure : « On ferma les portes der-
rière eux, écrit Ferrand, le parti étoit pris de les tuer. Le maire alloit pé-
rir d'un coup de bayonette. M. Teissier, chirurgien, lui sauva la vie. Un
officier municipal fut étendu par terre d'un coup de crosse, un autre fut
traîné par son écharpe ; plusieurs reçurent des soufflets, des coups de pied ;
ceux qui vouloient calmer les esprits ou faire ouvrir les portes furent éga-
lement maltraités ! On crioit : à bas les officiers municipaux ! Les officiers
municipaux sortirent enfin, à travers les huées et les railleries ; arrivés dans
la rue ils furent encore poursuivis à coups de pierres. Après leur retraite, un
particulier, monté sur une table, fit prêter le serment de lui être fidèle, de
ne l'abandonner jamais. On proposa de casser le lieutenant-colonel et l'un
des notables de la commune qu'on haïssoit sans doute à ce dernier titre ;
cette demande fut accueillie avec transport. D'abord on avoit résolu de le
pendre, plusieurs avoient à cet effet des cordes dans leurs poches.... » (1).
      La Guillotière bien loin de se résigner à son annexion, était donc plus
déterminée que jamais à secouer le joug. Elle attendit le moment propice,
et, trois ans plus tard, par une rencontre inespérée, l'occasion se présenta.
A la faveur de l'insurrection et du siège de Lyon, le faubourg vit brusque-
ment tous ses vœux comblés : pendant plus de deux ans, il réussit à se faire
 détacher du Rhône et réunir à l'Isère. Certes, en haine des Lyonnais, ses ha-
 bitants étaient disposés à prendre contre eux n'importe quel parti. Mais ils

   (1) Mémoire cité par Vaë'sen, Lyon en 1790, p. 102-104.