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— 419 — entre ces divers facteurs : selon que ces facteurs ou agents, qu'ils soient originels ou acquis, passés ou présents, actifs ou latents, sont en prédomi- nance bons et sains, ou au contraire mauvais et malsains, l'équilibre organi- que est plus ou moins affecté par les uns ou les autres, avec toutes les consé- quences ou tous les effets qui en découlent. Chez Marat, ce sont les facteurs nuisibles, à la fois ancestraux et récents1 qui l'ont emporté sur les facteurs sains dont cependant, comme je l'ai dit, il n'était pas privé ; et c'est pourquoi cet homme célèbre est devenu peu à peu un malfaiteur plutôt qu'un bienfaiteur de l'humanité. Mais j'avoue que je suis obligé de laisser à de plus compétents que moi le soin de décider si sa responsabilité fut entière ou atténuée, encore que cette expertise psychique, cette psychanalyse, soit, elle aussi, d'ordre exclusivement scientifique ou biologique. Marat appartient à l'histoire; mais l'histoire, individuelle ou collective, c'est au fond, de l'anthro- pologie et de l'ethnologie, donc de la Biologie, qui comprend, en effet, l'Histoire naturelle de l'homme, des animaux et des plantes. La Biologie de Marat, voilà un beau sujet de thèse biologico-médicale, ébauché à peine par quelques auteurs et par moi-même, mais non encore suffisamment et amplement traité jusqu'ici. Qui voudra essayer de mener à bien cette œuvre difficile ? Cl. Roux, Docteur es Sciences, Conservateur-adjoint de la Bibliothèque de Lyon i. Pour ce qui concerne les facteurs ancestraux ou éloignés, j'ai donné, au début de mon travail intitulé Marat et les Académies (dans les Mém. de l'Acad. de Lyon, t. XVIII, 1933), quelques détails sur les antécé- dents héréditaires de Marat. Quant aux facteurs récents, de plus en plus importants aux approches de la Révolution, on pourrait en citer beaucoup parmi ceux qui ont pu influencer directement Marat ; je me con- tenterai d'en indiquer deux, le premier c'est l'exemple néfaste exercé par les mœurs dissolues et éhontées de la haute société de l'époque, le second c'est le riche bouillon de culture des idées nouvelles en fermenta- tion que Marat se laissa largement inoculer, avant de chercher à l'inoculer aux autres !