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— 129 — On leur a si fréquemment escamoté les révolutions faites par eux qu'ils se tiennent et doivent se tenir sur leurs gardes. Et, d'ailleurs, Lyon compte si peu de républicains dans la classe bourgeoise et la réaction y compte un si grand nombre de membres, qu'il est nécessaire de faire un peu d'intimi- dation pour les maintenir et empêcher qu'ils ne réagissent contre le nou- veau gouvernement». Bergier, à Paris, continue son journal avec la même régularité. Pour cueillir quelques notes sur les journées de juin, j'arrive au 22 et je lis. « Nous sommes venus prendre des glaces au Café français et sommes rentrés nous coucher. La confiance semble renaître : tout est parfaitement tran- quille ». Mais quel changement le 23 au matin. « A dix heures, et quand nous allions nous mettre à table pour déjeuner, la fille est venue m'annoncer qu'une troupe de peuple en blouse venait du côté du Temple. Et, en effet, 2 à 300 gamins portant les drapeaux des ateliers nationaux marchaient, par files de 4 en criant « A bas l'Assem- blée nationale — Vive Napoléon — Chambre à louer — Nous allons la vider. » Comme ils étaient peu nombreux je me suis dit « Voilà quelques hommes qui coucheront ce soir en prison ». Mais bientôt j'ai vu que je me trompais. Arrivés sur le boulevard St-Denis, ils se sont mis à faire trois barricades, mais peu fortes, car on n'a pas dépavé, mais on a employé seulement quelques voitures, quelques tables et quelques chaises. « Immédiatement, cela a fait courir et fuir tout le monde et fermer toutes les boutiques. Aussitôt, ont passé sous nos fenêtres quelques gamins armés de sabres, mais seulement au nombre de 5 ou 6 et personne ne leur disait rien. Le rappel ne battait pas, c'était à n'y rien comprendre et cela m'inquiétait singulièrement, car, sans aucun doute, un seul garde national aurait arrêté ces deux ou trois merdeux qui avaient l'air de commander le mouvement. Enfin, petit à petit, quelques gardes nationaux se sont montrés, mais bien moins nombreux qu'au 15 mai. Tout paraissait tranquille. On commençait à intercepter la circulation sur le boulevard lorsque tout à coup des feux de file et de peloton ont commencé vers la Rev. Lyon. 9