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On leur a si fréquemment escamoté les révolutions faites par eux qu'ils se
tiennent et doivent se tenir sur leurs gardes. Et, d'ailleurs, Lyon compte si
peu de républicains dans la classe bourgeoise et la réaction y compte un
si grand nombre de membres, qu'il est nécessaire de faire un peu d'intimi-
dation pour les maintenir et empêcher qu'ils ne réagissent contre le nou-
veau gouvernement».
     Bergier, à Paris, continue son journal avec la même régularité. Pour
cueillir quelques notes sur les journées de juin, j'arrive au 22 et je lis.
« Nous sommes venus prendre des glaces au Café français et sommes rentrés
nous coucher. La confiance semble renaître : tout est parfaitement tran-
quille ». Mais quel changement le 23 au matin.
     « A dix heures, et quand nous allions nous mettre à table pour
déjeuner, la fille est venue m'annoncer qu'une troupe de peuple en blouse
venait du côté du Temple. Et, en effet, 2 à 300 gamins portant les drapeaux
des ateliers nationaux marchaient, par files de 4 en criant « A bas l'Assem-
blée nationale — Vive Napoléon — Chambre à louer — Nous allons la
vider. » Comme ils étaient peu nombreux je me suis dit « Voilà quelques
hommes qui coucheront ce soir en prison ». Mais bientôt j'ai vu que je me
trompais. Arrivés sur le boulevard St-Denis, ils se sont mis à faire trois
barricades, mais peu fortes, car on n'a pas dépavé, mais on a employé
seulement quelques voitures, quelques tables et quelques chaises.
     « Immédiatement, cela a fait courir et fuir tout le monde et fermer
toutes les boutiques. Aussitôt, ont passé sous nos fenêtres quelques
gamins armés de sabres, mais seulement au nombre de 5 ou 6 et personne
ne leur disait rien. Le rappel ne battait pas, c'était à n'y rien comprendre
et cela m'inquiétait singulièrement, car, sans aucun doute, un seul garde
national aurait arrêté ces deux ou trois merdeux qui avaient l'air de
commander le mouvement. Enfin, petit à petit, quelques gardes nationaux
se sont montrés, mais bien moins nombreux qu'au 15 mai. Tout paraissait
tranquille. On commençait à intercepter la circulation sur le boulevard
lorsque tout à coup des feux de file et de peloton ont commencé vers la
   Rev. Lyon.                                                          9