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                                      « Versailles, le 30 May 1786.

              « Messieurs.
      « J'ai reçu avec votre lettre du 5 de ce mois les pièces qui y étaient
jointes, notamment une délibération du même jour par laquelle vous décla-
rés ne pouvoir obtempérer à l'arrêt du 26 février dernier. Sa Majesté n'a pu
voir cette disposition sans le plus juste mécontentement et elle vous en eût
fait ressentir les effets si elle n'eût attribué aux premiers mouvemens d'un
zèle indiscret une désobéissance que vous vous empresserés sans doute de
désavouer.
      « Sa Majesté vient de manifester de nouveau sa volonté dans un arrêt
qu'elle a fait rendre dans son Conseil et qui vous sera notifié du très exprès
commandement de Sa Majesté.
      « Elle me charge de vous marquer qu'elle compte sur la plus entière
obéissance de votre part et qu'elle ne pourrait voir sans un extrême mécon-
tentement que vous apportassiés quelqu'obstacle à l'exécution de Sa vo-
lonté sur ce point à laquelle elle ne s'est déterminée qu'en grande connais-
sance de cause et pour le plus grand avantage de l'hôpital.
      « Je suis, Messieurs, votre très humble et très affectionné serviteur ».
      Cette lettre, plutôt tranchante, n'était guère faite pour calmer les
esprits ; le lendemain de cette réunion, le 14 juin, les recteurs répondent au
ministre :
      « Qu'il nous soit permis de vous témoigner notre sensibilité sur la
lettre qui nous a été adressée de la part de Votre Grandeur. Nous n'eussions
jamais pensé que sous un ministère bienfaisant tel que le vôtre, des citoyens,
chargés d'une administration où ils sacrifient leur propre intérêt, puissent
devenir coupables en défendant le bien des pauvres. C'est à l'Etre Suprême
que nous déférons la pureté de nos intentions et nous remettons aux événe-
mens, au tems, à votre justice et à la bonté de votre cœur notre justification
auprès de vous-même, Monseigneur. Tranquilles par la conscience intime
de notre devoir, nous savons que le délit, seul, fait la honte ».
      Une seconde assemblée extraordinaire eut lieu le 17 juin, pour la
deuxième audition de M. Colombier. Celui-ci, après avoir mis sous les