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      LA GUILLOTIÈRE CONTRE LYON
                               (i788-1795)


      Dès que l'on met le pied sur la rive gauche du Rhône, on est en Dau-
phiné : cette vérité de géographie historique, si elle ne suffit pas à l'expli-
quer entièrement, permet, du moins, de comprendre la longue résistance de
la rive gauche à son annexion par la rive droite. D'un côté, le royaume ; de
l'autre, l'Empire, comme disent encore les vieux mariniers. Entre les deux,
une magnifique nappe d'eau, frontière si évidente que la nature en a rare-
ment tracé de plus nette : entre la Gaule et la Germanie, le Rhin ne coule
pas plus large, ni plus profond. Malheureusement pour les amateurs de
démarcations précises, ce majestueux fossé, qui eût parfaitement suffi à
séparer deux nations, n'a pu arrêter le développement de la cité lyonnaise.
Contenue à l'ouest par les coteaux, pourtant modérés, de Fourvières et de
Saint-Just, la ville a fini par franchir le Rhône pour s'étendre à l'aise dans
les plaines du Dauphiné. Mais en sortant ainsi de ce qui avait longtemps
paru sa limite naturelle, elle empiétait sur une autre province, elle devait
annexer des bourgs et des territoires qui n'avaient jamais ni fait partie, ni
dépendu à aucun titre du Lyonnais et qui, surtout, n'avaient aucun intérêt
à se laisser englober dans l'enceinte urbaine. Telle est l'origine de la contes-
tation séculaire qui s'éleva entre nos échevins et le village dauphinois de la
Guillotière, promu, bien malgré lui, à la dignité de faubourg de Lyon.
     De temps immémorial, en effet, la Guillotière avait appartenu au
Dauphiné. Comme le rappellent les vieilles chartes patiemment recueillies
par les vénérables historiens des deux provinces, le très savant, mais très