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— 3 o8 — les pièces, j'agirai d'un pas plus assuré. Je mettrai en mouvement mes pro- tecteurs et mes amis pour réussir ». La lettre est adressée à « Monsieur de Viennet, ancien capitaine d'infanterie, contrôleur du canal du Midi », à Toulouse. Le colonel Viennet n'avait pas l'âme héroïque des « demi-solde». Il ne croyait pas que la fidélité aux princes déchus fût le meilleur moyen de réussir pratiquement dans l'existence, et il préférait user d'un fécond op- portunisme, servi par de fructueuses relations. II Après le solliciteur militaire, les solliciteurs civils. « Martin-Latour, domicilié de Lourdes (Hautes-Pyrénées), avocat, électeur du département », s'adresse à la « bienfaisance », de Son Excellence Monseigneur le Ministre des Finances pour obtenir la place de receveur particulier de l'arrondissement d'Argeles. Ce personnage ne devait pas être de trop minime importance puisqu'il était, sous la Restauration, « électeur du département », donc propriétaire de biens meubles et immeubles suffi- sants pour supporter une forte contribution directe. Mais c'était un Fran- çais amoureux de servir dans les charges publiques, comme beaucoup de Français d'autrefois et d'aujourd'hui. Colbert se plaignait déjà de cette tendance, fâcheuse à son sens, et qui privait la terre et la manufacture d'une suffisante main-d'œuvre. Martin-Latour avait d'excellents principes qu'il ne manqua pas de développer à titre d'exorde et pour mieux disposer en sa faveur le dispen- sateur des prébendes gouvernementales, peut-être aussi pour faire oublier un passé qui touchait de près aux années maudites de la Révolution et de l'Empire. Il s'exprime en termes bien propres à toucher le ministre le plus réfractaire aux sollicitations ; il est doux, humble, comme il convient, et ne manque pas de faire intervenir le Ciel en son affaire. « Le suppliant aura l'honneur d'exposer à Votre Excellence pour les garanties de la faveur qu'il désire, qu'il est pénétré, comme tous les bons Français, d'amour pour son Roi légitime et de reconnaissance pour la paix et la tranquillité que ce monarque, restaurateur des principes d'une sage