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 l'avez créé répondent les échevins : depuis huit jours vous n'avez laissé de
 semer le désordre dans la ville, attaquant le guet, blessant d'un coup d'épée
 son lieutenant Jean Sala, et outrageant à maintes reprises les représentants
 de l'autorité... Les députés des imprimeurs promirent bien de livrer les
coupables à la justice, mais, quand celle-ci leur rappela leur promesse, ils
prétendirent, et avec quelle duplicité ! que les coupables avaient fui. Le
Consulat était le plus fort et il le fit bien voir : poursuivis, arrêtés et con-
damnés à être bannis, quatre des compagnons coupables furent fustigés
dans les carrefours de la ville. Je dis « quatre », je me trompe ; il n'y en eut
que trois : Roboam échappa au châtiment, dit-on, en appelant de la sen-
tence (Arch. Lyon, Délïb. consul., BB 33, f° 58). Vingt ans plus tard, nous le
retrouverons, Roboam, à la tête d'un véritable parti d'ouvriers imprimeurs
genevois travaillant à Lyon.

       « Les relations entre Lyon et Genève étaient nombreuses. Entre les
 deux cités, l'échange d'ouvriers était fréquent », mais les maîtres-impri-
 meurs de Lyon n'avaient point à se louer « des idées d'indépendance
 religieuse rapportées de Genève » par leurs compagnons, ni ceux de Genève
 de la turbulence et de l'indiscipline des ouvriers lyonnais. Il arriva qu'en
 1535 « le duc de Savoie menaçait les Genevois sur lesquels il voulait
rétablir son autorité. Pour leur porter secours, un corps de six cents aven-
turiers, comprenant quatre cents hommes de cheval et deux cents de pied,
se forma dans la cité lyonnaise ; les imprimeurs étaient nombreux dans
leurs rangs », et Roboam était à leur tête. C'est que, malgré toutes les rivali-
tés commerciales et les divisions religieuses qui affectaient leurs relations,
une mutuelle sympathie régnait entre Lyonnais et Genevois, et c'est à
Genève que se réfugiaient ceux qui embrassaient le parti de la Réforme. Ils
n'étaient pas rares à Lyon, en effet, les imprimeurs qui, ayant par convic-
tion ou par intérêt adhéré aux doctrines nouvelles, se trouvaient un beau
jour, pour aussi coupable incartade, obligés de quitter Lyon, de s'expa-
trier en Helvétie, errer souvent de ville en ville, dans le pays de l'hérésiar-
que, avant que de trouver à exercer leur état ; tant et tant avaient dû fuir
   IMPR. A LYON                                                           3