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       Ce ne fut que vers la fin du xvn e siècle que la grande façade qui do-
 mine la ville fut définitivement terminée. Elle n'était d'abord ornée que de
 deux pavillons ; plus tard, la septième supérieure du monastère, Suzanne-
 Marie de Riants de Villeray, en fit élever un troisième, pour la symétrie, et
 comme il fut jugé que cette construction servait à l'embellissement de la
 ville le couvent reçut une somme de mille livres des échevins.
       Entre temps, le jardin s'étendait au sud peu à peu jusqu'à la place des
 Minimes, ancienne place de la Croix-de-Coule; il était clôturé à l'est parle
 Chemin neuf, une des routes stratégiques ouvertes en 1562 par le baron des
 Adrets, parce que ses troupes, campées sur la place Bellecour, avaient be-
 soin de se mouvoir rapidement dans toutes les directions.
       La deuxième supérieure du couvent, Anne-Elisabeth de Sève de Saint-
 André, fille du fondateur, paya de ses deniers la plupart des agrandisse-
 ments, ainsi qu'un mur de clôture très étendu.
       Après elle, la maison est dirigée par Marguerite-Marie de Foudras,
 puis par Gabrielle-Henriette de Clermont de Mantoison. Cette dernière
 eut l'honneur de recevoir à deux reprises Louis XIV, accompagné de la
reine Anne d'Autriche. Les souverains, attirés par le renom des antiquités
romaines conservées dans le monastère, se les firent expliquer par l'abbé
Le Camus, futur évêque de Grenoble.
      Citons les autres supérieures dans l'ordre chronologique : Mesdames
de la Pallu, de Riants de Villeray, de Pradel, Bailly, Pallard, Cholier et de
Nervo. Ces deux dernières demeurées à la tête de la maison de 1758 à 1782,
sont surtout connues par les souterrains de près de huit cents mètres de
long qu'elles firent construire ou réparer par l'architecte Brillon du côté du
plateau de la Sarra, afin de capter et canaliser l'eau, très rare sur la colline.
Ces souterrains existent encore, mais, depuis une vingtaine d'années, des
affaissements empêchent de les visiter.
      Pendant cent soixante-deux ans, de 1630 à 1792, l'Antiquaille fut donc
le séjour de pieuses femmes, issues des principales familles nobles de la
région. Bien qu'asile de prières, leur demeure avait grand air avec sa large
façade dominant la cathédrale et tout le centre de la ville. La réputation de
la maison s'accrut, lorsque, sous la supérieure de Riants, il fut établi que
saint Pothin et ses compagnons avaient été emprisonnés dans ces murs.