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r Aigle d'or, se dressait près de la place de l'Herberie, dans la rue de
l'Enfant-qui-pisse, qui, hélas, a, depuis, perdu son nom.
     Bergier cessa tôt le négoce, pour vivre de ses rentes. Il était bienfai-
sant : après avoir créé et dirigé la Société de Patronage des enfants pauvres
de Lyon, il lui laissa toute sa fortune pour édifier un asile qui est toujours
prospère. Il était républicain et ne s'en cachait point. Il fut conseiller
municipal durant une dizaine d'années et candidat à l'Assemblée en 1848.
Membre actif des comités et de la franc maçonnerie, il prit part ardemment
au mouvement pour la réforme et se passionna pour les problèmes pure-
ment politiques. Il sentit peut-être moins l'importance des revendications
ouvrières.
      Il n'avait, certes, aucune sympathie pour les fabricants qui étaient,
cependant, de son milieu. C'est plutôt, instinctivement, et avec quelque
crainte, qu'en brave homme et en démocrate, il tenait pour les canuts dont
la misère était grande et qui étaient scandaleusement exploités.
      Bergier avait épousé une femme fort intelligente. Souvent, elle a
écrit le journal de son mari, lorsque celui-ci ne le pouvait. Sa rédaction
est très vivante et ses impressions sont bien dégagées. Elle était la sœur
de César Bertholon qui fut représentant de l'Isère en 1848, après avoir
joué un rôle dans les sociétés secrètes, et qui, en 1871, devint préfet de la
Loire.
     Le journal de Bergier pour 1848, contient le récit des événements de
Lyon jusqu'au 23 avril. A cette date Bergier vient à Paris. Il a l'espoir
d'être un des élus du Rhône. Sitôt arrivé dans la capitale, il se met en
quête d'un appartement. Le 27 avril il note «hier j'avais visité 85 appar-
tements ; j'en ai vu 78 aujourd'hui». Le 28, un propriétaire lui propose un
meublé : «les meubles qu'il m'ofifre, constate-t-il, ressemblent à ceux que
nous avons, comme la place Grenouille ressemble à la place Bellecour » ;
mais, ajoute-t-il, « c'est une nouvelle combinaison qui pourra me sourire
suivant que je serai, ou non, membre de l'Assemblée nationale ». Hélas, ce
même 28 avril il apprend son échec électoral. «Puisse-tu, lui conseille sa