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songe aux adieux de saint Paul aux anciens de l'Eglise d'Ephèse, aux pleurs de saint
Augustin sur la tombe de sainte Monique et l'on admire une fois de plus combien la
sainteté ajoute de délicatesse à l'affection dans les plus nobles âmes.
      Dans le programme que saint François traçait à sainte Chantai pour son voyage,
il marque, parmi les étapes, la visite des Bernardines réformées de Rumilly. Durant
ces derniers jours, le saint reçut une visite qui lui permit d'étendre ce bienfait de la
réforme à d'autres monastères. Le vicomte de Pâquier, gentilhomme dauphinois, vint
le consulter de la part de la Mère de Ponçonas et de quelques moniales de l'Abbaye
des Haïes, qui voulaient se joindre à la Mère de Ballon, supérieure de Rumilly. « Ces
avis furent qu'il conseillait à ces bonnes filles de ne pas mettre comme on fait presque
d'ordinaire le principal de leur réforme dans de grandes austérités corporelles qui font
à la vérité grand bruit dans le monde... mais qui obligent après à des dispenses et à des
singularités qu'on peut regarder comme autant de portes qu'on ouvre peu à peu au
relâchement général des familles religieuses. Qu'ainsi il valait mieux que ces religieu-
ses choisissent dès le commencement pour leur partage, la mortification de l'esprit et
l'exercice des vertus intérieures ». Il manifesta le désir qu'elles ne fussent avec les
sœurs de Savoie qu'une même communauté. « Il conclut enfin, par l'assurance pleine
 d'affection qu'il donna à ce seigneur, qu'il prenait dans son cœur ces zélées religieuses
 dont il lui avait parlé et tout ensemble leur pieux dessein ».
       Le 24 décembre, saint François alla présider la fondation du nouveau couvent
 des Récollets. Ces religieux font partie de la grande famille franciscaine dont ils furent
 une des nombreuses réformes. Ils s'établirent, en 1603, à Saint-Genis-Laval, puis en
 1616 à la Croix-Rousse et enfin en 1623 s u r I e coteau de Fourvière, au lieu dit Belle-
 Grève, au n° 28 de l'actuelle montée Saint-Barthélémy. « Les Pères quittèrent la
 Croix-Rousse le 23 décembre et, dès le lendemain, François de Sales, évêque et prince
 de Genève, conduit par Sa Majesté la reine (Marie de Médicis), planta solennellement
 la croix et un noyer dans un endroit appelé Neyret (vers la rue Neyret actuelle), au
 dire du Père Juvenal et où les Récollets durent séjourner momentanément ».
       Le 20 avril de l'année suivante, la croix fut transférée avec la permission de
 Monseigneur de Marquemont à la résidence définitive des Récollets. Saint François
 de Sales eut très froid durant cette cérémonie et se sentit malade.
       « Attendant le dîner, il ouït de sa chambre le jardinier qui refusait à sa fille déjà
 grande de lui permettre d'aller à la messe de minuit dans l'église du monastère, à
 cause de la cour qui était alors à Lyon et de la multitude des personnes étrangères, des
 soldats et des gardes dont il craignait quelqu'insulte pour cette fille, n'y ayant point
 alors de maison entre cette maisonnette du jardinier et l'église du monastère. Il fit
 appeler le jardinier et lui dit de laisser aller sa fille à la messe de minuit, qu'il prendrait
 soin de la faire conduire sûrement par ses gens, ce qu'il fit, et, entrant dans la petite
 chapelle, il s'informa si la fille y était et si on avait suivi les ordres qu'il avait donnés
 pour elle ».
       A cette messe de minuit célébrée dans son cher monastère, il prêcha : « C'est la
 vérité, dit-il ensuite à la Mère de Blonay, que je ne fus jamais plus consolé à l'autel, le