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 morceler l'œuvre et sans entasser les pauvres, lui rirent réponse qu'ils ne
 croyoient pas que ces replacements, ainsi faits, pussent avoir lieu sans les
 plus grands inconvénients, et ils le prouvèrent par quelques observations
 verbales. M. Colombier les méprisa et dit qu'il avoit des ordres pour le
 tout ; que, le surlendemain, il enverroit des ouvriers. D'après cela, comment
 le Bureau auroit-il pu se porter pour servir de guide à une pareille exécu-
tion ? Mais ce qui prouve que M. Colombier ne vouloit faire aucun usage de
nos observations, c'est le fait suivant : dans une seconde assemblée, il pro-
 posa au Bureau de faire diverses constructions dans la cour de l'église, aux
frais du gouvernement, si les administrateurs le demandoient, quoique
cette partie ne dépendît pas de l'opération dont il étoit chargé, et, le lende-
 main même, sans attendre l'avis du Bureau, il envoya à cet effet démolir et
 construire dans ladite cour. Avertis de cette précipitation, les administra-
teurs, y voyant autant d'inconvénients que d'inutilité, en délibérèrent et
 envoyèrent copie de leur délibération à M. Colombier. Nous pouvons vous
dire que, dans une assemblée qu'il avoit demandée, il traita notre avis avec
hauteur, se permit d'accuser le Bureau d'exagération, de faux exposé, et
méprisa enfin tout ce qui lui fut dit à ce sujet ; en effet, il a continué ce
travail... ».
      A la vérité, M. Colombier était venu à Lyon avec des instructions pré-
cises qui ne tendaient rien moins qu'à changer la forme administrative de
l'hôpital. On faisait tout pour décourager les recteurs et les obliger à remet-
tre une démission collective. Les mesures vexatoires de l'inspecteur géné-
ral, les bruits calomnieux répandus dans le public contre l'administration
rendaient la situation vraiment intolérable. Pour en sortir, charge est don-
née au comte de Cordon de prendre énergiquement, auprès des ministres,
la défense des administrateurs, de manière à mettre la loyauté de ceux-ci en
évidence et à confondre leurs détracteurs.
      Cependant, les événements se précipitent et le dessein du pouvoir
central se précise de plus en plus : le 15 septembre 1786, le conseil d'Etat
rend deux nouveaux arrêts, l'un pour fixer la distribution et la destination
de l'hôpital de la Charité et établir l'ordre et les règles à suivre dans toutes
les parties du service de la maison ; l'autre concernant la comptabilité de
l'hôpital ainsi que le régime économique auquel il devra se conformer.