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— 202 — Vauquois portait l'audace jusqu'à prétendre, comme délégué des représen- tants du peuple, il (sic) désignait ses pouvoirs, intitulait ses arrêtés au nom du peuple français, soit en renouvelant les autorités constituées, enfin, il s'identifiait entièrement à la représentation nationale et en usurpait les prérogatives, il organisait dans la commune de Crémieu une armée révolu- tionnaire qu'ils ont (sic) laissé subsister après la loi qui en a prononcé le licenciement. Ils assignèrent des appointements aux officiers municipaux, notables, juges de paix, assesseurs, membres du Comité révolutionnaire de Crémieu, depuis six cents jusqu'à douze cents livres par individu. Ils portè- rent l'audace jusqu'à rétablir un de leurs collègues dans les fonctions d'agent national (destitué) par rapport à ses vexations. Ils prennent un arrêté le 13 frimaire portant ordre de faire fouiller des détenus et de s'emparer de leurs assignats. Ils voulaient par la terreur dissoudre la Société populaire de Bourgoin (1). Vauquois s'est présenté à la société armé d'un sabre et de pistolets, déclarant qu'il ne connaissait pas de décrets, que depuis six mois il n'en avait pas lu. Il lance un mandat d'arrêt, pendant le cours de la séan- ce, contre un de ses membres, il fait incarcérer le président, s'empare du fauteuil, disant qu'il était comme Dieu qui fait et défait, il donne à l'armée révolutionnaire l'exemple du viol (2) et du pillage et de tous les crimes et la commune de Bourgoin est traitée par Vauquois en pays conquis par des brigands. Au moment où la faction Hébert et Ronsin préparait ses projets liberticides, Vauquois disait : « Que ne suis-je à Paris avec mes canons! ». Il ne parlait, dans ses entretiens familiers, que de marcher sur la Convention, de la dissoudre, disant qu'il fallait bien qu'elle y passât comme les autres. « Vauquois au village du Gaz entre chez un vieillard (3). (Ils) boivent et mangent, le forcent à ouvrir son secrétaire, s'emparent de ce qu'il avait en assignats et en numéraire, mettent la maison au pillage, arrêtent le vieil- lard lui-même pour le mettre en prison ; mais il expire entre les bras de Vauquois et de sa cohorte avant d'arriver. Alors ils reviennent à la maison, achèvent le pillage, s'enferment avec de la lumière dans les appartements, quoiqu'en plein midi, se font donner à dîner, cassent quatre cents bou- (1) Erreur pour La Tour-du-Pin. (2) Il avait tenté de violer Mademoiselle de Dolomieu, sœur du célèbre géologue, membre de l'Institut. (3) Arthaud, maître de poste.