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        UN ALLEMAND A LYON EN 1808
      Un des derniers jours du mois d'août 1808, en plein après-midi, trois
jeunes gens qui marchaient sac au dos arrivèrent à Lyon par la porte de
Saint-Clair, couverts de poussière, accablés par la chaleur. Le chemin leur
parut encore bien long jusqu'à l'hôtel des Célestins situé sur le quai de la
Saône. L'un d'eux s'inscrivit sous le nom d'Hermann Pûckler ; les deux
autres, qui étaient frères, s'appelaient MM. de Wulffen. Tous trois étaient
de nationalité allemande.
      Le premier seul nous intéresse, d'abord parce qu'il acquit dans la suite
une renommée que ne connurent pas ses compagnons, ensuite parce qu'il a
laissé de son voyage une relation qui constitue un petit chapitre pittoresque
de l'histoire de Lyon. La partie de son carnet de route qui se rapporte à son
séjour dans notre ville est restée inédite jusqu'en 1873, année où ces pages
furent publiées avec sa correspondance et le journal de diverses périodes de
sa vie par les soins de M m e Ludmilla Assing-Grimelli I . Le récit du départ
de Lyon ouvre un petit volume que l'auteur fit paraître lui-même sous le
titre de Jugendwanderungen à Stuttgart en 1834, lorsque, devenu le prince
de Pùckler-Muskau, il était déjà célèbre à la fois par son faste et par deux
ouvrages, les Lettres d'un Trépassé et Tutti Frutti.

                                               El
     Le voyageur qui s'inscrivait modestement à l'hôtel des Célestins sous
le nom d'Hermann Pûckler était le fils du comte Erdmann de Pûckler,
représentant d'une des deux branches silésiennes d'une famille qu'une tra-
dition un peu téméraire faisait remonter au margrave de Bechelaren, un des

    1. Briefwechsel und Tagebûcher desFiirsten Hermann von Piickler-Muskau, 9 volumes, Hambourg, 1873-
1876, tome II.