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vestibule, il préféra la statue du Rhône par Guillaume Coustou à celle de la
Saône. Le Palais Saint-Pierre donnait alors asile à la Bourse, à diverses
administrations publiques et au Musée ; ce dernier malheureusement était
fermé.
      Une des gloires de Lyon, aux yeux de Pûckler, était l'Hôtel-Dieu qu'il
proposait comme un modèle à imiter. Voici la description qu'il en fait :
« Quoiqu'il ne soit pas encore entièrement achevé, il surpasse dès mainte-
nant, à l'extérieur comme à l'intérieur, tous les établissements de ce genre
que je connais ; 1.800 lits de fer, garnis de rideaux de toile blanche, bien
propre, sont occupés par autant de malades des deux sexes que soignent
avec l'attention la plus dévouée un grand nombre de sœurs attachées à
l'hôpital. A chaque lit est fixé un bulletin qui indique les remèdes, la nature
et la quantité des aliments que le malade doit recevoir. Tous les plats, aussi
bien de viande que de légumes, que je vis distribuer, étaient sans exception
 bons et propres. Les malades sont répartis, selon leur sexe et leur affection,
 en plusieurs salles disposées en éventail, avec, au centre, un grand autel
 que surmonte un crucifix. On veille avec le soin le plus méticuleux à ce que,
 dans ces salles, l'air soit toujours renouvelé, de sorte que jamais des émana-
tions nuisibles ne puissent retarder la guérison. Du linge propre est distri-
bué légulièrement, dès qu'on en a besoin, et j'ai pu me convaincre par moi-
même qu'on ne le délivre pas avec parcimonie. D'une façon générale on
peut dire que rien n'est omis en fait de soins que peut réclamer un malade.
Dans les vastes dépendances se trouvent les logements des sœurs (au-dessus
de la cheminée de leur salle à manger le mot Silence est écrit en grands
caractères), la pharmacie, la boucherie, les cuisines aussi propres qu'élégan-
tes, et qui ne laissaient absolument rien à désirer ». L'Hôtel-Dieu compre-
nait une section d'aliénés ; Pùckler vit derrière une grille de fer une jeune
fille dont le visage régulier et doux le frappa et dont les paroles plaintives
laissaient deviner un ancien drame d'amour.
     Le pont de Tilsitt avait été ouvert à la circulation le lendemain même
de l'arrivée de Pùckler. Il paya un demi-sou pour le passer et visita la
cathédrale Saint-Jean. En remontant la Saône, il arriva au vieux château de
Pierre-Scize dont les ruines dominaient la ville. Dans ce quartier, les traces
de la Révolution étaient encore nettement visibles ; des maisons détruites