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— 213 — L'ANTIQUAILLE JUSQU'A LA RÉVOLUTION De tous les monuments de Lyon, auxquels s'attachent des souvenirs historiques, il n'en est peut-être pas de moins connu et surtout de moins souvent visité par les amateurs de nos vieux logis que l'hôpital de l'Anti- quaille, appelé aussi Saint-Pothin, du nom d'un de ses bâtiments annexes, construit en 1878. Ce n'est pas que ce nom d'Antiquaille soit ignoré des Lyonnais, mais il évoqua pendant tout le xixe siècle l'idée pénible des maladies mentales ou cutanées qui s'y trouvaient soignées et ce sentiment suffit à expliquer l'éloignement du public pour cet asile des plus affreuses misères de l'humanité. Aujourd'hui que l'Antiquaille est devenu un très grand hôpital, où se trouvent réunis des services de médecine et de chirurgie de toutes sortes et non plus seulement ceux qui jadis expliquaient une certaine répulsion, cette abstention ne se comprend plus guère et chaque année devrait voir s'augmenter le nombre des Lyonnais désireux de visiter ces lieux dont l'histoire, vieille de vingt siècles, est si attachante. Les amateurs d'antiquités latines y trouveront la trace des palais et des monuments de la première capitale des Gaules, les érudits se rappelleront que ce fut pendant tout le xvie siècle la demeure des Sala, des Buatier et des Rubys, ces lettrés qui recevaient chez eux tout ce que Lyon comptait à cette époque fameuse de savants et d'hommes distingués. Après cette brillante élite littéraire, ces murs abritèrent de nobles femmes vouées à la