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rent le couloir rhodanien et la vallée de la Saône Ils saccagèrent le pays,
brûlèrent le monastère de Pelage ; les moniales furent pendues aux arbres
voisins. Seule, dit-on, l'abbesse Anstrude échappa au lacet fatal. En tout
cas, ces farouches envahisseurs inspirèrent une telle frayeur qu'on en parla
longtemps ; pour les enfants, ils furent un objet d'effroi. Le hêtre gigan-
tesque du Fût, témoin du supplice des religieuses, s'appela l'arbre des
Sarrasins.
      Le monastère se releva de ses ruines grâce à la protection et aux subsi-
des des empereurs Charlemagne et Louis le Débonnaire qui passèrent dans
la région. Ce dernier rendit en 815 une charte1 en faveur du couvent de
Pelage qui s'était mis sous sa protection. Nous rappelons ici pour mémoire
la légende d'après laquelle Louis le Débonnaire, partant en expédition dans
le Midi, se serait arrêté à Avenas et aurait détruit sur le mont Tourvéon le
repaire où se cachait Ganelon, le chevalier félon, qui était justiciable du
désastre de Roncevaux et de la mort de Roland. Il aurait fait élever l'église
d'Avenas pour rendre grâces à Dieu et commémorer le châtiment du traî-
tre. On ne saurait accorder la moindre créance à cette pieuse légende : il est
certain qu'il y eût un fort sur la montagne de Tourvéon et qu'il fut détruit à
cette époque : peut-être même le fut-il par Louis le Débonnaire. Mais les
personnages légendaires de Roland et de Ganelon ont donné leur nom par
toute la France à des châteaux et des tours qui ne sont jamais authentiques.
      Tout ce que l'on peut affirmer, c'est que la vie monastique redevint
florissante au IXe siècle et surtout au siècle suivant, date de la fondation de
Cluny. La paroisse d'Avenas portait alors le nom de « Rosarias » et dépen-
dait de l'«ager Viriacensis »3. Ce nom-là, s'il s'était conservé, nous aurait
donné la gracieuse appellation de « Rosières »3. Peut-être faut-il en voir une
survivance dans le nom de « Ronzières », lieu-dit situé à un kilomètre au
sud du signal d'Avenas sur la commune de Lantignié. Toujours est-il que
le nom disparut des cartulaires vers4 l'an 950 pour faire place à celui
     1. Cf. Gallia Christiana, IV, p. 44.
     3. Villié-Morgon.
     3. En réalité, « Rosières » vient du latin populaire roserias qui est une déformation de rosarias due peut-
être à l'influence d'un suffixe celtique ou même germanique, suivant quelques romanistes.
     4. Il s'agit du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon (Charte, 39,416,425) dont le Chapitre étendait sa
juridiction jusqu'à la paroisse de Rosarias presque aux portes de Beaujeu.