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mois, de plusieurs années peut-être, antérieur au Compendium » ;• ce n'est
l'avis ni de Rondot, ni de Claudin, ni de Baudrier.
      On a pensé que les gravures qui, dans le principe, ont illustré les
impressions lyonnaises furent « achetées ou louées en Allemagne ou dans les
Flandres » ; c'est fort possible, c'est tout à fait vrai pour beaucoup : aux
temps héroïques, en effet, ces planches de bois allaient volontiers d'ateliers
en ateliers, non seulement dans le même centre, mais encore de ville à ville ;
souvent elles venaient de l'Étranger, et c'est bien cette circonstance qui
explique l'état de vétusté dans lequel se trouvaient parfois ces gravures,
usées, fendues, écaillées, rompues quelquefois, à force d'avoir passé de
main en main, des mains souvent peu soigneuses.
      C'est ainsi que les bois du premier livre français illustré venaient de
Bâle. Ce premier livre français illustré, daté, le Mirouer de la rédemption de
lumain lygnage, est une impression lyonnaise, il n'est pas mal à propos de
le dire. Bien avant que l'idée vînt aux libraires parisiens d'illustrer leurs
 missels et leurs livres d'Heures, les éditeurs lyonnais déjà y avaient songé ;
cependant, les bois du Mirouer ne sont pas français ; ils sortaient des ateliers
 de Bernard Richel, de Bâle, où ils avaient servi à l'impression d'une édition
 allemande du Mirouer. Le livre lyonnais est un in-folio de 26 x 37 centimè-
tres, imprimé sur deux colonnes, avec une grosse lettre gothique assez
 semblable à celle du Compendium ; il a 374 pages et doit contenir, je crois
 bien, 256 gravures.
      Claudin a donné une singulière raison de la priorité de notre ville dans
l'illustration du livre : « Les imprimeurs lyonnais, dit-il, ont pu commencer
à illustrer leurs livres un peu plus tôt que les imprimeurs parisiens, parce
qu'ils ne s'adressaient pas à un public aussi raffiné... et qu'ils n'ont pas
cherché à produire ce qu'on pourrait appeler des œuvres d'art ».
      En tout cas, dès 1492, Lyon a ses dessinateurs, bien à lui et de son crû :
      C'est Guillaume (II) Le Roy (1493-1528), le propre fils du prototypo-
graphe lyonnais ; les recherches de Messieurs Cartier et Baudrier les ont au-
torisés à identifier Guillaume Le Roy avec le dessinateur qu'ils ont appelé