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sorte de tutelle, disons pour qu'un contrôle leur fût imposé ainsi, il fallait
bien que les patrons eussent donné prétexte à une certaine méfiance.
      Que gagnaient, d'autre part, les patrons dans cette sentence? Ceci :
les compagnons ne peuvent quitter leur tâche individuellement ou collec-
tivement sous peine de payer au maître la forme qu'ils auront fait perdre et
la valeur des journées de chômage. Inversement, dès que la « presse » est
commencée, les maîtres leur doivent leurs salaires jusqu'à entier achève-
ment de la besogne et ne peuvent les renvoyer que s'ils ne font pas leur
devoir. Les maîtres peuvent remplacer l'ouvrier qui tombe malade au cours
d'Å“uvre et par qui bon leur semble, et l'on ne paie aux malades que les
journées de travail effectif. En cas de hâte dans l'exécution d'une commande,
le maître peut adjoindre des ouvriers à qui il distribuera une partie du
travail, sans que les compagnons puissent s'en plaindre et en tirer prétexte
pour quitter l'atelier. Il est interdit de travailler les jours de fête et de quit-
ter le travail plus tôt qu'à l'ordinaire les veilles de fête. En dehors des fêtes,
il n'y aura chômage que pour la mort du maître ou de sa femme.
     Le roi, dont le sénéchal avait requis l'autorité pour l'exécution de sa
sentence, en aggrava encore la sévérité ; dans des lettres datées de Villers-
Cotterets,le 21 août 1539 (Arch. Lyon, AA 151, f° 67), il parla de bannisse-
ment, de torture, même de peine capitale. C'était exaspérer l'amour-propre
des compagnons, qui ne se laissèrent point faire : comme on tenait des
Grands Jours à Moulins en septembre 1540, ils y présentèrent une requête
et obtinrent tout au moins que « les apprentis ne besogneroient à composer
et mettre les lettres qu'ils n'aient demouré trois ans apprentis ».
     Gravement lésés dans ce qu'ils appelaient sans doute « leurs intérêts les
plus légitimes » ; privés d'apprentis nouveaux pouvant travailler utilement ;
encouragés d'ailleurs par l'archevêque de Vienne, Pierre Palmier, qui ten-
tait d'attirer des imprimeurs auprès de son siège épiscopal, les maîtres
prennent le parti de quitter Lyon pour aller s'établir en Dauphiné. La
menace est grave, et cette fois le Consulat s'émeut : déjà Macé Bonhomme,
qui avait pris une part très active aux négociations entre patrons et ouvriers,