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— 64 — pressait pas autant, et il fallut que le roi ordonnât au sénéchal de ne point perdre de vue ses devoirs pour que l'édit de Gaillon fût enregistré, ce que l'on fit en décembre. Les dispositions prises par le roi pour éteindre le conflit furent accueil- lies à Lyon avec une faveur diverse ; les compagnons, qui n'avaient été ni consultés, ni entendus, lui firent, comme bien s'entend, grise mine ; pis que cela, ils s'insurgèrent tout de suite. Par acte de Byrodat, sergent royal, ils assignèrent les maîtres-imprimeurs par-devant la « vénérable cour du parle- ment de Paris». Les plaintes des compagnons sont d'une rare violence contre « ceulx à qui ils ont acquis et acquièrent iournellement de grandes et honorables richesses, au prix de leurs soins et industrie merueilleuse et mesme plus souuent de leur sang — de leur sang ! — ; qui les subiuguent, assuietissent et traitent auec toute rigueur et seruitude » ; qui, « après un grand repos de corps et d'esprit, doublent et triplent quelquefois leur argent au bout de l'année » ; tant est que, si les compagnons « peuuent suffire aux fatigues extrêmes de leur estât si violent, ils n'en rapportent en leur vieillesse, char- gés de femmes et d'enfants, pour tout loyer et récompense que pauureté, gouttes et autres maladies, causées par les trauuaux incroyables qu'ils ont esté contraincts endurer ». Qu'y avait-il donc de vrai dans les plaintes amères des ouvriers impri- meurs ? quels graves méfaits des patrons justifiaient donc des accusations aussi violentes ? Les compagnons vont nous le dire. « Alors — lit-on dans leur factum — que les compagnons de Paris se plaignent justement d'être sujets à rendre pour tout le jour 2.650 feuilles », ceux de Lyon, « debout despuis deux heures après minuit jusque enuiron 8 ou 9 heures de soir, tant l'hiuer que l'été », sont « astreints à rendre 3.350 feuilles, ce qui dépasse toute créance ». L'argumentation des compagnons est serrée. Chaque article de l'édit est l'objet d'une réfutation en règle ou la raison juridique le dispute au