Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   — 23 —




                  VEC le xvie siècle commence la grande époque de la Typo-
                    graphie, et tout spécialement de l'Imprimerie lyonnaise.
                        C'étaient les lettres ornées qui, jusqu'à ce moment
                    avaient dominé dans les livres. Toutes simples à l'origine
                    et seulement coloriées en rouge au cinabre, en bleu,
                    souvent aussi avec ces deux couleurs à la fois, ces
majuscules devinrent bientôt de véritables ornements. D'abord on les
décora de capricieux linéaments qui envahirent les marges, les interlignes
et les entrecolonnements ; petits traits de plume, rouges ou multicolores, de
science primitive et grossière. Puis les lettres xylographiques s'enguirlandè-
rent de feuillages et de fleurs (florentes), naïfs d'abord, d'heure en heure
plus artistiques. Les dernières années du xve siècle et le début du xvie virent
apparaître les lettres gothiques pures, en trait de plume, dont les angles et
les rondeurs étaient garnis de grotesques, figures humaines contrefaites,
animaux se contorsionnant en d'invraisemblables attitudes, savants et ma-
gnifiques entrelacs formant le corps des lettres... ; jusqu'au jour, qui date
des premières années du règne de François I er , où « l'imprimerie s'affranchit
complètement de l'imitation des manuscrits ».
      Quant aux caractères, ils étaient très divers. En ces temps lointains, il
n'existait pas de fondeurs de lettres en boutiques ; chaque imprimeur devait
pourvoir aux besoins de ses casses, et il le faisait bien, j'imagine, un peu
comme il le pouvait ; il gravait lui-même ou faisait graver, il fondait ou
faisait fondre ses caractères dans ses ateliers, ou bien il les achetait chez ses
confrères proches ou lointains.
      Ceux de Guillaume Le Roy, du moins la fonte qui servit à imprimer le
Compendium, est une gothique trapue de corps 16; son trait, fort épais,
est très irrégulier; ces caractères sont mal alignés ; ce n'est point, d'ailleurs,
une lettre neuve ; venu d'Allemagne, sans aucun doute, Le Roy dut l'ap-